JDM : Ce virus est-il dangereux ?
Dominique Voynet : « Oui. Si la grippe tue entre 0,1 et 0,2% des personnes atteintes, ce taux monte à 2-3% pour le Covid19, avec moins de 1% pour les plus jeunes, et des risques plus élevés pour les plus de 70 ans. L’état général du patient est aussi un facteur qui peut aggraver. En outre, certaines personnes sont asymptomatiques*, et on ne sait pas s’ils sont contagieux, contrairement à ceux qui développent des signes cliniques. La grande majorité des cas sont bénins, 75%, avec les mêmes signes que pour la grippe, les autres sont des cas plus sérieux ou graves, avec des détresses respiratoires. Certains vont supporter l’assistance respiratoire, d’autres non.
D’autre part, ce virus est découvert depuis trop peu de temps pour qu’on ait pu mettre sur pied un vaccin. »
Nous en sommes au stade 1 à Mayotte en l’absence de cas. Y a-t-il des bonnes habitudes à prendre ?
Dominique Voynet : « Au stade 1, nous travaillons toujours à éviter l’introduction du virus sur le territoire. Si des cas se présentaient, nous mettrons en place une enquête approfondie pour identifier les personnes qui ont été au contact. Au stade 2, le nombre de malades invite à penser que tout le monde peut être un cas contact. Il faut donc prendre dès maintenant des bonnes habitudes. Ceux qui crachent par terre doivent arrêter en raison du risque de transporter cette salive sous les semelles dans des écoles maternelles ou dans un hôpital. Lors du stade 2, même le système de santé le plus riche du monde se trouve saturé. Dans ce cas, on tente d’amortir le pic en ne prenant en charge que les cas graves, comme c’est le cas en métropole. Il faut donc protéger les individus sains par des « gestes-barrières ».
Par exemple, il faut prendre dès aujourd’hui l’habitude de se saluer autrement, ne pas se serrer la main, éviter la bise, permet d’éviter des respirer des gouttelettes de salive. Et se laver les mains dont les pouces, pendant au moins 30 secondes. Et ça évite en même temps que d’autres maladies comme la grippe se propagent.
Il faut savoir que nous nous touchons le visage au moins une fois par minute. Et les malades vont toucher des dizaines d’objets, poignées de porte, montants, stylo, etc. Une surface sèche conserve le microbe pendant 3 à 6h. Il faut nettoyer régulièrement. Je précise qu’on peut activer la clim, le microbe n’est pas dans l’air, mais dans la salive. Et il ne se transmet pas par le sang, ni de la maman au bébé. »
Des mesures seront-elles prises ces jours-ci pour les voyageurs de retour des vacances scolaires ?
Dominique Voynet : « Nous avons toujours le stand ARS de contrôle sanitaire aux frontières à l’aéroport, où toute personne fiévreuse qui tousse peut se présenter. Nous avons demandé à Air Austral de contacter la compagnie affrétée Wamos afin de diffuser les bons messages.
De son côté, le rectorat va contacter les enseignants pour demander que ceux qui se sont rendus dans les zones de virus se signalent. Et en fonction des localités exactes visitées, l’ARS leur proposera de rester chez eux en confinement. Et pour les autres passagers, les affiches et flyers expliquent les mesures à prendre. »
Que doit-on faire en cas de doute ?
Dominique Voynet : « Appeler le 15. Par téléphone, un urgentiste et un infectiologue vont apporter le bon diagnostic. S’il s’agit du Corona, une équipe mobile et un chauffeur formés et équipés viendront procéder à des prélèvements. Et en cas de fragilité, un véhicule viendra chercher le patient. Le prélèvement est analysé au CHM pour des résultats quelques heures après. »
Pendant deux soirs, la directrice de l’ARS Mayotte va réunir médecins libéraux et pharmaciens pour évoquer la répartition des masques chirurgicaux, « suffisants pour un généralistes », et le masques FFP2, « pour les soignants qui travaillent à proximité de la bouche du patient ». Des masques réquisitionnés par l’Etat vue la ruée dans certaines pharmacies. Et Dominique Voynet va détailler aux soignants l’ordre de bataille.
Anne Perzo-Lafond
* Aucun symptôme apparent
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