Dix-huit heures, dimanche 15 mars, une trentaine de personnes s’affairent dans la salle du Conseil municipal qui centralise tous les résultats de la commune. Tous s’apprêtent, après une journée complète de tenue des urnes, à comptabiliser les voix et à faire les totaux des 13 bureaux des 7 villages bouéniens et leurs 6.189 habitants (INSEE, 2017). Ils sont agents de la commune, scrutateurs, assesseurs et représentants des quatre listes : celles du maire (proche des Républicains), de Mirhane Ousseni (Nouveau centre), de Moinecha Attoumani Mouhadji (divers droite) et de Moustoifa Hanami (sans étiquette).
Le dépouillement commence dans ce bureau, “celui du maire” car Mouslim Abdourahaman habite le quartier. Le maire sortant y arrive en tête avec un peu plus de 50 % des voix. Si ce résultat était celui de la commune, le maire retrouverait directement son siège. Suspense donc dans la salle du Conseil.
Puis, les résultats des bureaux tombent et se profile une nette avance pour le maire sortant. Elle ne suffira cependant pas à lui donner la victoire dès à présent. Vers 23 heures, les résultats finaux sont prêts à être envoyés à la préfecture, soulignant un bonne participation 82,6 % et donnant 45,7% à Mouslim Abdourahaman, 34,2% à Mirhane Ousseni, 13,6% à Moinecha Attoumani Mouhadji, 5% à Moustoifa Hanami.
Bon score pour le maire sortant, mais la victoire n’est pas faite
En 2014, il obtint 672 voix et arriva en deuxième position après Mirhane Ousseni qui, lui, obtint 996 voix. Il y avait alors 3.395 inscrits et 2.716 votants. On mesure que chacun a augmenté son nombre de voix en 2020. Le maire semble donc bénéficier d’une adhésion massive à son bilan et à son projet, ce que défend Momed Saandi, membre du conseil technique du premier magistrat sortant, selon qui la réussite du maire tient à “son écoute de la population, sa bonne gestion financière, la nouvelle organisation des services de mairie et la réalisation d’équipements tels que la MJC de Boueni”. Mais en 2014 c’est le report des voix de trois autres listes qui avait porté au pouvoir Mouslim Abdourahaman au second tour.
Il semblerait que la situation puisse s’inverser en 2020 puisque les listes de Moinecha Attoumani et Moustoifa Hanami se situent plus dans une opposition au maire sortant qu’à son challenger Mirhane Ousseni. Encore que la liste de Moinecha Attoumani est en partie issue d’une scission avec Mirhane Ousseni en 2019. La tête de liste féminine voulait rompre avec une tradition voulant que l’on élise des hommes de pouvoir. Ainsi, le maire sortant est-il directeur financier du syndicat des eaux (SMEAM) alors que son challenger, Mirhane, est aussi son collègue au SMEAM où il est secrétaire administratif adjoint. Il a aussi été deux fois conseiller général (UDI) de 2008 à 2015. Par ailleurs, le président du SMEAM, Moussa Bavi Mouhamadi, est conseiller municipal sortant et candidat à sa succession avec Mouslim.
Quant à Moustoifa Hanami, enfin, la déception est forte parmi son équipe, Saroumada Halifa, deuxième sur la liste, avouant, abattue, qu’ils “s’attendaient à faire 20 % des voix, au moins.”
Âpres négociations en cours et procurations litigieuses
Le résultat du second tour dépendra donc du comportement des listes minoritaires. Elles sont en train de négocier avec le challenger Mirhane Ousseni et le suspens demeure. Vont-elles parvenir à s’entendre et fusionner ? La dissidence de 2019 entre la liste de Moinecha et celle de Mirhane sera-t-elle plus forte que la nécessité de s’unir ?
Qui plus est, le recours massif aux procurations lors du scrutin de dimanche cause un litige entre les listes d’opposition et l’équipe du maire sortant. Nous y reviendrons.
Armand Launay
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