Il y a une semaine, la maire de Chirongui alertait sur l’impossible cohabitation entre le confinement et la surpopulation dans les cases en tôle, sur l’équipement insuffisant en masques et gels hydroalcooliques des soignants et aidants familiaux, sur une possible épidémie dans les îles voisines des Comores et Madagascar, et sur l’importation du virus par voie aérienne. Et proposait des solutions.
Une semaine après, ces points sont toujours d’actualité, en dehors de la restriction des arrivées aériennes, mais trop tardives, et d’un début de prise en charge des malades par l’ARS hors de leurs cases surpeuplées. En conséquence Hanima Ibrahima Jouwaou écrit au président de la République. Elle y rappelle ces points, en notant que 80 agents municipaux sont sur le terrain au quotidien (collecte des déchets, sécurité, aide à domicile, aide sociale d’urgence, état civil), « 80 agents pour lesquels j’ai demandé à l’ARS de Mayotte des protections, en vain ».
« Certains professionnels de santé tablent déjà sur 50% de la population contaminée d’ici 5 semaines avec 5% de cas graves, soit 7500 personnes. Avec nos 16 lits de réanimation pour prés de 300.000 habitants et nos 30 respirateurs, c’est un drame qui se profile », alerte la maire, qui demande de nouveau la mobilisation l’armée pour faire respecter un confinement total, une affectation de médecins, infirmières en nombre suffisant, l’envoi de matériel de protection et des tests de dépistage pour les soignants et la population, la réquisition dès à présent des locaux pour isoler les malades et l’engagement d’une réflexion immédiate sur la prise en charge des dépouilles. (Lire Courrier Chirongui Etat d’urgence sanitaire à Mayotte)
Le député Kamardine en appelle à la marine sur France Inter
Le député Mansour Kamardine avait lui aussi alerté sur l’incapacité de confiner la population dans le contexte d’habitat que l’on connaît, et, avait appelé au renfort de l’armée, notamment d’un navire hôpital, d’un bâtiment de la Marine Nationale, et de l’envoi de masques et de tests détection en nombre. Interviewé lors de la matinale de France Inter ce mercredi, il mettait en évidence une courbe plus qu’exponentielle du nombre de cas, « en dix jours, nous sommes à 35 cas », et disait craindre « une hécatombe ». Des cas de maladies ayant été diagnostiqués chez des policiers et des pompiers, il accusait : « L’ennemi profite de la faiblesse de nos moyens pour frapper nos soldats. » Et appelle de nouveau à « l’envoi de gel hydroalcoolique, de masques, de médicaments, par cargo », ainsi qu’au « prépositionnement d’un bateau de la marine nationale », notamment pour éviter une « saturation du système de santé » en cas d’arrivées de malades depuis les îles voisines. D’autant plus qu’il rappelait que l’île connaît une autre épidémie, celle de la dengue.
L’intervention de l’armée, c’est aussi une demande du sénateur Thani Mohamed Soilihi. « Mayotte, ce n’est pas un désert médical, c’est le néant médical », lâche-t-il lors d’une interview sur publicsénat.fr. En revenant sur le chiffre de 28 médecins libéraux sur l’île, en réalité « 18 équivalents temps plein, puisque certains sont des retraités qui acceptent de dépanner. »
Il livre la même inquiétude sur l’accroissement du nombre de cas, «cela se propage à vitesse grand V », « la seule solution est le confinement strict ».
Il faut donc « sortir l’artillerie lourde », pour d’un côté « obliger les gens à respecter ce confinement », et envoyer « 100 médecins supplémentaires d’urgence. » Il doit poser une question d’actualité au gouvernement ce mercredi.
A.P-L.
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