Après une croissance exponentielle du nombre de cas, la contagion au Covid-19 a marqué le pas à Mayotte, avec 5 nouveaux cas déclarés mercredi, et 6 ce jeudi. Soit quasiment autant de cas en deux jours que sur la seule journée de dimanche. Pour Dominique Voynet, il faut rester très prudent : « En Guadeloupe, la progression avait été similaire, avec un palier, puis une forte reprise du nombre de cas. C’est une sorte de veillée d’armes pour nous, nous nous apprêtons à l’arrivée d’une vague. Avec un atout, ici 4% de la population seulement a plus de 60 ans, alors qu’en Alsace, ils représentent la moitié des habitants ».
Ce palier permet à l’ARS de jongler avec les mesures, « bien que placés en stade 2, nous pouvons maintenir les exigences du stade 1 en prenant le temps d’inventorier les cas contacts des personnes nouvellement atteintes. » Un travail de fourmi qui serait plus difficile avec de trop nombreux cas. Une raison de se réjouir pour l’instant, « il n’y a pas à notre connaissance, de nouveaux foyers d’épidémie », c’est à dire que la transmission se fait depuis des cas connus.
A l’image du policier de la PAF et des deux pompiers, « ils n’ont pas été contaminés dans le cadre de leur travail, mais par une personne de leur entourage récemment arrivée en avion. » Justement, sur la question de l’accueil sanitaire à l’arrivée et l’organisation défaillante dont témoignait une passagère d’un vol dans le JDM, l’idéal est de ne plus avoir de vols d’agrément, a répété Dominique Voynet, « nous ferons un bilan la semaine prochaine ». Car il faut on l’a vu, réorganiser le parcours derrière, avec des taxis réservés, ainsi qu’une zone dans la barge.
« Deux semaines pour monter un réseau communautaire de santé »
Sur le sujet du difficile confinement, l’ex-ministre de l’Aménagement du Territoire dit comprendre le « difficile enfermement » dans les conditions de logement à Mayotte, « il faut accompagner les gens dans les bangas ». La solution serait de s’appuyer sur un réseau de santé communautaire, « mais absent à Mayotte », ce sont donc les Centres communaux d’action sociale et les infirmiers de proximité qui vont être mobilisés pour diagnostiquer les besoins, « nous avons deux semaines stratégiques pour monter ce réseau communautaires à destination des plus fragile. »
En dehors du confinement, il faut aussi isoler les personnes malades qui ne feraient que contaminer une famille à l’étroit dans un banga. Plusieurs lieux sont toujours en cours d’identification, à proximité du CHM, et difficile de trouver la configuration idéale à en croire Dominique Voynet qui cible plusieurs publics, « il faut isoler les gens fragiles, ceux qui sont malades du Covid-19, ceux que l’on va hospitaliser en réanimation et ceux qui sortent de réanimation. »
“On manque d’oxygène à Mayotte”
On le sait maintenant, ce Coronavirus est l’épidémie de toutes les pénuries, masques, tests, gels… Avec en plus à Mayotte un manque d’oxygène, « nous avons recommandé un supplément de bonbonnes, un cargo est dérouté et va nous les livrer dans les jours qui viennent. »
Quant aux tests et aux masques, pas d’annonces sur les premiers en raison d’une pénurie nationale, alors qu’une commande de masques est arrivée en début de semaine à l’ARS, “réservés pour les soignants”. Mais les aides à domicile de structures qui accompagnent les personnes âgées et handicapées n’en ont pas été dotées.
A noter qu’un don de 13.180 masques FFP2 et FFP3 de la part d’une entreprise locale « qui veut rester discrète », indique l’ARS sur son site, a également été réceptionné. Pas celle à laquelle vous pensez ! Puisqu’un autre don annoncé à grand renfort de communiqués par un entrepreneur s’affichant en « haut les cœurs ! », n’avait toujours pas été concrétisé ce jeudi soir. Le cœur a ses raisons, et, on l’a vu avec une grande firme en métropole, la période est propice à l’achat de bonne conscience.
Anne Perzo-Lafond
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