On ne rigole pas avec le confinement à Mamoudzou. Mais s’il est facile de repérer les récalcitrants le long de la route nationale, c’est plus difficile dans les quartiers où parfois les policiers municipaux ne peuvent se rendre. La commune a donc décidé de prendre de la hauteur en recourant à la surveillance par drone. Il a fallu pour cela une dérogation préfectorale, puisqu’en temps normal, l’appareil ne doit pas voler à plus de 100m du télépilote. « Or techniquement, il peut s’éloigner jusqu’à 4 ou 5 kilomètres », nous explique Jérôme Mathey, gérant de DroneGo.
Un premier appareil, plus véloce, « surtout en cas de jets de pierres », repère les lieux et les éventuels attroupements. S’ils sont détectés, Adrien Doublet, le pilote, envoie un second appareil, muni d’un haut-parleur. Les messages se succèdent en shimaore, de plus en plus fort, pour inviter aux gestes barrières, « et nous expliquons aussi que ça n’arrive pas qu’aux autres, que plusieurs Mahorais ont été touchés », rapporte Ibrahim Abdou Hamissi, adulte relais dans le quartier.
« Il ont peur d’être pris en photo ! »
« Il faudrait rajouter une voix de femme aussi », suggère Toihir Youssoufa, DGS de la mairie qui supervise les tests ce mercredi à Cavani. Auparavant, à Kawéni, la méthode a fonctionné, « entre les deux passages de drones les adultes étaient intervenus sur les regroupements de jeunes qui se sont dispersés. » Des regroupements qui se font souvent à l’intérieur des cases, « c’est tout aussi dangereux », note le DGS qui évoque un plan de relogement.
Lorsque le drone est en très en hauteur, le message est peu, voire pas audible, laissant les habitants interrogatifs, « ils ont peur d’être pris en photo », explique l’adulte relais. C’est pourquoi les médias sont là, l’information doit passer dans les quartiers sur les objectifs poursuivis par ce gros moustique.
Les vols vont se répéter sur l’ensemble de la commune, « notamment Vahibé où nous nous sommes faits caillasser il y a quelques jours », indique Toihir Youssoufa, à raison de 7 demi-journées réparties sur 15 jours. « Le visionnage des images nous permet aussi de lutter contre la dengue en repérant les déchets à enlever », précise la commune.
Pour l’instant, selon la Police municipale, une vingtaine d’amendes ont été délivrées pour des ruptures indues de confinement.
Anne Perzo-Lafond
La file d’attente vue du ciel :
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