Dans l’Hérault (34), 52 dérogations ont été accordées à des communes qui souhaitent maintenir un marché ouvert malgré la crise sanitaire. Dans le Morbihan, respectant la procédure, le maire de Vannes, comme plusieurs de ses pairs, a fait une demande de dérogation auprès de le préfecture, afin que marchés de plein air et halles aux poissons restent ouverts.
Un bol d’oxygène pour les petits maraichers et pour les pêcheurs qui retrouvent des débouchés. Des professions socialement mal couvertes en métropole, et pas du tout à Mayotte, surtout dans les dispositifs de prise en charge des professions sinistrées par la crise de Covid-19. Et pendant ce temps, la filière agricole plonge.
D’ailleurs, si dans un premier temps, le premier ministre avait annoncé la fermeture des marchés, dérogatoire dans le cas d’une décision préfectorale sur demande du maire, un arrêté du 16 mars 2020 du ministre de la Santé Olivier Véran autorisait l’ouverture des Commerces de détail alimentaire sur éventaires et des marchés.
Les adjoints au maire veillent au grain
A Mayotte où le secteur informel représente les deux tiers des entreprises marchandes selon l’INSEE, les ventes sur ces marchés sont une source de revenus non négligeable pour les femmes qui vendent bananes et fruits à pain. Et elles sont évidemment totalement exclues des dispositifs de chômage partiel. Avec une distribution alimentaire par les institutionnels qui peut s’avérer compliquée ici (on l’a vu ce vendredi !), cette solution permettrait de donner un grand bol d’oxygène à une partie des habitants.
Une ouverture encadrée bien sûr, pour éviter tout regroupement. Nous avons contacté à ce sujet un élu du Morbihan, qui témoigne : « Nous avons mis en place une organisation stricte. Deux adjoints au maire se positionnent aux deux entrées du marché pour filtrer les entrées au compte goutte. Et à l’intérieur, la police municipale veille au respect des distances de sécurité ».
Le risque du contact sur les fruits et légumes du marché, ne semble donc pas plus élevé que ceux qui sont proposés en supermarché, souvent touchés par plusieurs personnes, celui du paiement et le rendu de monnaie non plus, avec les précautions de port de gants qui s’imposent.
Des pêcheurs peinent à se ravitailler en essence
Pour encadrer l’ouverture sur le plan national, un protocole sanitaire avec les ministères concernés (Economie, Agriculture, Santé) a été mis en place « pour sortir de l’impasse », avait indiqué la FNSEA. Il propose un catalogue de mesures à adopter afin de garantir la protection sanitaire des commerçants et des clients. Il précise l’organisation générale du marché, avec la séparation des étals, la limitation des fréquentation, et le filtrage de l’entrée ainsi qu’un marquage au sol.
De leur côté, les pêcheurs arrivent plus ou moins bien à maintenir leur activité. Si à Koungou des barques de pêche vont et viennent, Pierre Baubet, armateur et directeur de la coopérative Copemay, témoigne d’une forte baisse d’activité, « je n’ai plus que 3 bateaux qui tournent sur 70 auparavant. »
En cause, l’approvisionnement en carburant selon lui, « les pêcheurs ne peuvent plus recharger leur carte chez Total, le siège est fermé ! », s’agace-t-il. La société que nous avons sollicitée, nous confirme la fermeture des bureaux, « pour éviter tout rassemblement », et explique qu’un dispositif a été mis en place, « les pêcheurs peuvent faire un virement, qui permet de recharger leur carte d’approvisionnement. » Peu ont un compte en banque, mais l’armateur peut jouer le rôle d’intermédiaire, plusieurs le font », explique Yasmine Saïd, directrice commerciale chez Total Mayotte. Elle invite à contacter* la société en cas de problème.
Un ensemble de solutions à activer pour ravitailler en produits frais la population, dont une partie peine à se confiner tant la recherche de nourriture prime.
Anne Perzo-Lafond
* 0269 60 12 94 ou 0639 69 14 07