Si on vous dit “le Covid-19”, tout le monde sait que l’on parle de l’épidémie en cours. Mais des linguistes québécois s’interrogent sur l’usage du masculin, qui pourrait être trompeur. En français en utilisant “le”, un quiproquo apparaît inconsciemment : parle-t-on du virus, ou de la maladie ? Nos confrères de France Culture ont étudié la question qui, si elle paraît anodine de prime abord, est en fait passionnante pour tout amoureux de la langue française.
Petit rappel de terminologie d’abord. Le nom officiel du nouveau coronavirus, c’est le SARS-CoV2, pour “deuxième coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère” (après l’épidémie de 2003). La maladie s’appelle Covid19 pour “coronavirus disease 2019” ou en français “maladie à coronavirus 2019”.
Et c’est là que l’office québécois de la langue française a trouvé un loup. S’il est d’usage de se dire “positif au Covid19” ou “lutter contre le Covid19”, ce pourrait bien être un abus de langage. On l’a vu, Covid19 désigne la maladie (Disease en anglais). Or, l’usage en français veut que l’on donne aux acronymes étrangers le genre du mot principal. Ainsi on dit bien “le FBI” pour le bureau fédéral d’investigation américain, ou “le NHS” pour le service de santé publique britannique. En revanche on dira “la CIA” pour l’agence centrale de renseignements ou “la NASA” pour l’agence spatiale américaine.
Ainsi l’agence québécoise conclut que ” en vertu de cette règle, COVID-19 est de genre féminin, car dans la forme longue du terme français, maladie à coronavirus 2019, le mot de base est maladie.”
Outre Atlantique, de nombreux médias comme La Presse.ca ont donc changé leur fusil d’épaule et parlent désormais de “la Covid19”, de même que le gouvernement québécois et l’agence de santé publique québécoise.
En pleine profusions d’informations sur la recherche scientifique et l’évolution de la pandémie, cette question posée par des linguistes est sans conteste la plus légère de toutes. Mais l’argument avancé tient la route, et le choix du féminin fait son chemin en France aussi. Toutefois après plusieurs mois d’usage du masculin, la logique grammaticale risque d’avoir du mal à s’imposer face à un usage bien établi.
Y.D.
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