Non nous n’avons pas 10 jours de retard sur le premier avril.
Depuis ce samedi soir, des légionnaires patrouillent bel et bien à Mayotte pour prévenir de nouveaux cambriolages de magasins ou dépôts alimentaires. Cette mission validée par le préfet s’inscrit dans le cadre de l’opération Résilience, en lien avec l’épidémie de Covid19.
“C’est pour prévenir toute tentative, les denrées alimentaires ont une valeur marchande très grande, explique un fonctionnaire. L’économie informelle est à l’arrêt et des gens recherchent les denrées alimentaires, il y a déjà eu quelques tentatives d’effraction dans les commerces alimentaires.”
Mais la mission des soldats de la Légion n’est pas le maintien de l’ordre, et cette mobilisation pose question. Tout d’abord, les autorités font état du déploiement de “groupes de combat”. Il ne s’agirait toutefois que d’un terme générique utilisé au sein de l’armée pour désigner ce que la police appelle de son côté un “équipage” en patrouille.
L’utilisation de ces militaires pour prévenir d’éventuels cambriolages pose aussi la question de leur rayon d’action. Si on la sait rompue aux combats les plus difficiles, la Légion Etrangère n’a pas le maintien de l’ordre civil comme cœur de métier. C’est celui de la police et de la gendarmerie. Interrogée sur ce point, la préfecture clarifie la mission.
“C’est de la pure dissuasion, s’ils repèrent quelque chose ils préviennent la police et la gendarmerie, c’est déjà ce que fait la police militaire de la légion qui patrouille le soir en Petite Terre. S’ils sont pris à partie, ils désengagent et ils préviennent. Le cadre est très clair.” Il n’y aurait donc “aucun risque” de voir ces soldats ouvrir le feu sur des gamins en quête de nourriture. Les militaires seront en lien permanent avec le commandement de la police nationale ou de la gendarmerie, selon leur zone de patrouille, et des effectifs sont même mobilisés pour assurer cette veille radio.
En revanche ces soldats pourraient intervenir “comme tout citoyen” s’ils constatent un flagrant délit, afin de mettre fin à l’infraction le temps que les forces de l’ordre arrivent.
Enfin se pose la question de la durée de cette mission inhabituelle, et c’est ce qui inquiète le plus Bacar Attoumani du syndicat Alliance Police Nationale. “La question, c’est jusqu’à quand ? Il ne faut pas que ça devienne une solution éternelle. Si c’est dans le cadre de l’état d’urgence et que c’est ponctuel pour protéger des bâtiments précis, ça nous libère pour d’autres patrouilles. Mais on espère par la suite regagner toutes nos prérogatives”.
Y.D.