La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre : samedi nous avions annoncé le retour au paiement en liquide pour le carburant, qu’avait obtenu Saïd Omar Oili. Le maire de Dzaoudzi et président de l’Association des maires avait menacé de fermer la station en cas de refus de la direction de Total, qui avait fini par accepter. Mais ce lundi, il a malgré tout fait fermer la station… pour cause de forte affluence.
« Les gens sont venus très nombreux avec leurs jerricans pour s’approvisionner en pétrole pour cuisiner. Je leur ai demandé de faire preuve de discipline, ils ont refusé. En concertation avec la direction de Total, décision a été prise de fermer la station de Petite Terre pour l’approvisionnement en pétrole. » Les pompes de carburants restent ouvertes, et il est possible de régler en liquide.
Le maire est désappointé, « j’ai joué mon rôle d’élu, mais les gens n’ont pas joué le jeu. Ceci dit, si je n’excuse pas, je peux comprendre, cela fait longtemps qu’ils attendent pour s’approvisionner. »
En effet, à quelques kilomètre et miles plus loin, en Grande Terre, la même scène semble sortie tout droit d’un scénario de déconfinement massif : les bidons sont alignés en courbes régulières, avec un gros attroupement, sans aucune distanciation d’un mètre. Certains ont des masques, les femmes cachent leurs bouches derrière leurs salouvas, et tous nous expliquent : « Cela fait un mois que nous n’avons pas pu acheter du pétrole pour faire la cuisine. Nous avons utilisé du bois, mais c’est plus compliqué. » Une autre, à part, explique au JDM que n’ayant pas pu cuisiner, « cela fait plusieurs jours que nous avons commencé le ramadan, en jeûnant pendant la journée. »
Ils sont là pour certains depuis 1h du matin, et le flot grossit. Ce qui n’inquiète pas gendarmes et policiers présents sur le site : « Ils sont très nombreux, mais il n’y a pas d’émeutes. Tout se passe bien. » Le flux devrait se réguler, mais il faut écumer 4 semaines de manque.
Anne Perzo-Lafond