Le vice-rectorat et le tribunal ont uni leurs efforts pour importer de métropole un savoir faire : celui d’une exposition «13-18 ans, questions de justice».
Il s’agit d’aborder les thèmes liés à tout ce qui a un rapport avec la justice, «tous les thèmes, ceux liés aux fautes, mais aussi aux droits des enfants», commente le principal du collège de Sada, Fabrice Alvarez. Les 36 classes du collège vont la découvrir «et 20 enseignants ont entrepris un travail de fond sur le sujet».
Car le collège accueille du 24 au 30 avril cette exposition itinérante qui ira ensuite capter d’autres publics scolaires de l’île. «Le droit à une justice adaptée», «Les délits» sont quelques uns des thèmes développés sur les panneaux, «une vulgarisation de la loi».
«Un enfant qui ne va pas à l’école est considéré comme étant en danger», informe Didier Leroy, éducateur de la PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse), qui explique aux élèves de 6ème 7 le suivi qu’il assure en se rendant dans les familles pour prendre connaissance des problèmes. «Savez-vous à quel âge on peut aller en prison ?» Les doigts se lèvent, mais personne ne sait vraiment. «L’école est-elle un droit ou un devoir ?»… c’est l’incertitude.
L’objectif est aussi de matérialiser la justice en tant qu’institution, «par la présence parmi nous de la directrice du tribunal de Mamoudzou, Marie-Laure Piazza», mais aussi d’évoquer les parcours qui dérapent, «ça peut commencer par une simple bagarre», ou «que doit-on faire quand un voleur est à la maison ? Le tabasser ?» Geste à l’appui, l’éducateur explique les limites de la légitime défense, qu’il sait souvent facilement invoqué à la barre du tribunal, donc trop tard : «la légitime défense, c’est lorsque la fuite n’est pas possible».
En matière de loi, rien n’est évident
Il en aura couté 8.500 euros à la Cohésion sociale pour faire venir cette exposition. Nous nous déplaçons dans la cour pour interviewer des élèves à peine plus âgés, «j’ai appris qu’on peut rester à l’école jusqu’à 16 ans, je pensais que c’était 18», «et moi, qu’on peut conduire une voiture dès 16 ans!» L’information est plus ou moins bien passée, mais il fallait transmettre des messages qui paraissent évidents, et qui ne le sont pas toujours : «si on fuit devant un accident ou qu’on n’aide pas un blessé, on peut se retrouver en prison. Aussi, j’ai appris que la vente de drogue est punie par la loi»… rapporte-t-on du côté des filles.
Mêmes découvertes du côté garçons de 5ème qui jouent au Uno dans un coin : «on savait qu’il ne fallait pas violer les filles, mais on a appris qu’on risquait la prison», ou encore, «ils ont dit qu’il fallait se protéger si on faisait l’amour avec une fille, pour ne pas être un jeune papa ou attraper le sida». Discussion très libre pour des jeunes de 5ème qui expliquent avec autant d’évidence, «mais nous, on ne fait encore que des bisous !»
Des réflexions qui justifient la remarque de François Coux, le vice-recteur présent pour cette exposition, «il faudra prévoir un message dès les 10-13 ans!»
Anne Perzo-Lafond
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