Depuis le début de la crise de Covid-19, les communiqués de l’ARS tombaient quotidiennement en matinée. Or, il y a actuellement des trous dans la raquette, correspondant à chaque fois, à un pic de nouveaux cas. Il ne s’agit pas d’une intention de dissimuler l’aggravation des dépistages, qui de toute façon sont comptabilisés, mais de problèmes d’identification des personnes positives, explique Dominique Voynet : « Hier (mercredi), nous avons eu énormément de cas, 84, que nous devons identifier. Or, nous ne sommes pas dans la situation nationale où le numéro de sécurité sociale affiché sur le tube de prélèvement se traduit sur l’ordinateur par le nom de la personne. La réforme de l’état civil à Mayotte a alloué des identités intermédiaires à certains, leur statut d’assuré social n’apparaît donc pas automatiquement. »
Avec 84 mercredi et 28 ce jeudi, il y a donc une flambée de l’épidémie, avec une hausse du nombre de cas plus que proportionnelle à celle du nombre de tests. Conséquence, alors que le taux de positivité des tests avoisinait les 20%, « nous sommes entre 30% et 50% actuellement », c’est à dire quasiment un test sur deux positif. Malgré une montée en puissance importante, il n’y a pas encore saturation des hospitalisations en médecine ni en réanimation, « pour anticiper et garder de la place pour ceux qui ne sont pas Covid, nous avons évasané à La Réunion plusieurs personnes, il y en aura 7 en tout sur la semaine. »
Déconfinement : rendre compatible trois types de risque
Le pic épidémiologique est toujours prévu autour du 20 mai, « mais plus haut que ce qui était prévu, ça monte beaucoup. »
En conséquence, le « R0 », indice de contagion qui met en rapport le nombre de cas secondaires qui sont contaminés par contact avec un seul porteur du virus, est passé à 1,6 à Mayotte. C’est à dire que 1 personne positive va en contaminer presque deux. En métropole, il est passé de 3,5 à 0,5 en métropole.
Alors que Dominique Voynet avait par le passé envisagé un allègement du confinement autour du 11 mai, il n’en est plus question, et la directrice de l’ARS cherche au contraire le moyen de diffuser au mieux l’importance du confinement au sein de la population, nous y reviendrons.
Si elle n’a pas voulu cette fois se prononcer sur ses recommandations remontées au ministère, elle avait répété à plusieurs reprises être favorable à un déconfinement pas avant la fin du mois de mai : « Le préfet et le recteur ont également fait remonter leurs impératifs. Nous sommes devant trois problématiques : le risque majeur d’embrasement de l’épidémie, le risque de violence sociale et le risque de décrochage scolaire. »
Dans l’optique retenue par le premier ministre d’une rentrée le 18 mai à Mayotte, rendez-vous est donné le 14 mai, « nous ferons le point avec toutes les parties dont les maires pour trouver une décision commune ».
Anne Perzo-Lafond