Si l’Education nationale polarise les regards à l’heure d’une rentrée scolaire incertaine, on n’a peu entendu le CUFR, les étudiants ne reprenant les cours qu’en septembre 2020.
Aurélien Siri, le directeur du Centre Universitaire de Formation et de Recherche (CUFR) est cosignataire d’une tribune initiée par l’Alliance des Universités de Recherche et de Formations (AUREF).
« La crise du Covid-19 possède le mérite de faire vaciller des certitudes établies, de questionner les discours dominants, de rappeler les décideurs à leur devoir d’humilité », commence le texte. Leur propos est de réhabiliter la place de la connaissance et de la recherche, à la hauteur de celle qu’ont tenue les universités en ce temps de crise. Elles n’ont pas seulement réorganisé leur enseignement ou épaulé les hôpitaux, Ehpad et préfectures « par des dons de matériel et un apport de volontaires », mais elles ont aussi « participé activement aux recherches sur le virus ».
Mais l’heure est déjà au bilan, « le temps est venu de se réinventer, comme l’a appelé de ses vœux le Président de la République, et notamment de réfléchir à une reconstruction avisée de l’enseignement supérieur et de la recherche ».
« L’université reste fille de temps de crise »
Les critiques sur la gestion de la crise par le gouvernement n’en sont qu’à leurs prémisses, avec une utilisation des masques devenue miraculeusement vertueuse en cours de route. « Les spécialistes français de la santé n’ont pas été en mesure d’influencer la politique publique de préparation à la menace. Ce n’est que lorsque le risque s’est transformé en un péril majeur qu’ils ont été convoqués et écoutés. L’université reste fille de temps de crise », analyse l’AUREF, qui demande de « ne pas l’abandonner ensuite. »
« L’État doit réévaluer la place de la science et de sa diffusion, de l’université et des universitaires. Connaissance, reconnaissance et respectabilité vont de pair. C’est un des principaux défis des temps qui s’ouvrent, que l’on a refusé de prendre réellement en compte jusque-là. »
Tout d’abord, et alors qu’ils étaient déjà « mal dotés », ces établissements vont devoir faire face à un nouveau défi qu’énonçait la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, « Les cours magistraux pourraient être proposés aux étudiants à distance », à la rentrée, pour éviter les amphithéâtres bondés.
L’équité du chef d’orchestre en cause
Ensuite, la crise a mis en évidence un sous financement de la recherche et de la formation en France, à corriger, « faute de quoi une nouvelle étape du basculement du monde en défaveur de la France et de l’Europe sera engagée ».
Enfin, alors que l’AUREF rassemble des établissements de taille variable, notamment notre jeune CUFR, elle appelle à ne pas hiérarchiser les établissements, « Dans un orchestre, tous les instruments sont nécessaires pour réaliser la partition. Il n’y a pas davantage d’universités superflues si, au lieu de minoriser l’impact des unes et de majorer celui des autres, on s’attache à toutes les valoriser et les renforcer pour relever les défis de l’efficience, de la simplification, de l’autonomisation. Toutes doivent être encouragées à devenir chaque année plus performantes tant en formation qu’en recherche et en valorisation avec leurs partenaires socio-économiques. Toutes participent au développement, à la réussite et à la résilience de notre pays. Toutes apporteront leur pierre à sa reconstruction. »
A l’heure où s’élaborent les plans de relance et le Programme d’investissements d’avenir (PIA), pour financer des investissements innovants et prometteurs, l’AUREF compte peser en invitant à « ne pas oublier les universités dans la politique de reconstruction qui s’annonce. C’est avec une jeunesse bien formée et une société plus avertie que se relèveront les défis à venir qui seront sanitaires, climatiques et technologiques tout autant que citoyens, éthiques et politiques. »
« Gagner la guerre contre une pandémie est une chose. Il est encore plus difficile de réussir la paix, qui nécessite de se penser dans un temps long », conclut la tribune.
A.P-L.
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