Malgré une réélection sans surprise, Saïd Omar Oili ne boudait pas son plaisir ce mercredi en enfilant pour six années de plus son écharpe de maire de Dzaoudzi-Labattoir. Ses résultats au premier tour des municipales du 15 mars dispensent la commune d’avoir à organiser un second tour, la liste Nema portée par le maire sortant ayant remporté la majorité absolue.
L’installation du conseil municipal aurait dû se faire bien plus tôt, mais elle “n’a pu se tenir dans les délais réglementaires en raison de l’état d’urgence sanitaire” qui a “décalé l’installation des conseillers” rappelle le maire réélu.
Lequel aura finalement beaucoup parlé pour ce premier conseil municipal de la mandature 2020-2026. En effet, en plus d’être le maire sortant et le maire élu, S2O était aussi le président de la séance, en sa qualité de doyen des conseillers élus.
A l’issue du vote à bulletin secret, il a recueilli 26 voix, soit autant que de conseillers élus sur la liste Nema. Laissant sa veste de doyen pour celle de maire, il a ensuite présidé l’élection des adjoints. Là encore, pas de surprise puisque sa liste était la seule à présenter des candidats. Mikidache Houmadi siègera à ses côtés comme premier adjoint pour les six prochaines années.
Six années qui seront consacrées à “poursuivre l’élan donné à notre ville” au fil des aménagements engagés, mais aussi à répondre à des défis persistants, qui traînent comme des tâches d’huile sur l’écharpe de l’édile.
La colère oui, la violence, non
Les déchets d’abord, qui minent la vie des habitants notamment sur la route de Moya. Un partenariat avec le syndicat intercommunal devrait voir le jour en vue d’une “déchetterie fixe” annonce le maire. Autre vaste chantier : l’insécurité et la jeunesse. “Les Mahorais se sont battus pour la liberté, et cette liberté est devenue amère, comment ne pas comprendre l’exaspération des Mahorais” commentait-il, deux jours après la mise en examen de deux habitants de la commune pour l’enlèvement d’un délinquant de 23 ans, toujours porté disparu. Toutefois, “je ne justifie pas la violence, sinon on va vers des conflits qui vont mettre cette île à feu et à sang” prévient le maire.
Parmi ses axes de travail figure la création annoncée d’un programme d’étude démographique communal à “confronter” aux résultats de l’Insee. Le but est de réévaluer annuellement la population de la commune. “Si des personnes sont oubliées, on perd des dotations” justifie le maire. Cet outil serait aussi utile selon lui au reste de Petite Terre. ” On serait 40 000 habitants sur Petite Terre au lieu de 30 000 officiellement, peut-être que nous pourrions passer à une communauté d’agglomération comme Mamoudzou, au lieu de la communauté de communes actuelle.” Là encore, ce serait synonyme de dotations supplémentaires.
Ironie du sort, la cérémonie se déroulait, non pas en mairie, lieu confiné où “on n’aurait pas pu être plus de 11 personnes” mais à l’école C17 où “c’est aéré” explique l’édile, dans un contexte d’épidémie où il s’oppose à l’ouverture des écoles pour les élèves. Une option selon lui serait d’accueillir les enfants d’école élémentaire dans les collèges et le lycée de Petite Terre, plus spacieux et pratiques pour l’organisation. Avec une double contrainte : faire respecter les gestes barrière pour de jeunes enfants dans un établissement de 1800 places, et faire venir les parents de tout Petite Terre vers un établissement plus éloigné que celui de leur quartier.
Y.D.