Depuis le début de l’épidémie, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) a décidé de publier chaque semaine sur le plan national les statistiques des décès, avec un décalage de 15 jours. Elles permettent de recenser ceux qui sont survenus à domicile, et pas seulement à l’hôpital.
Le dernier bulletin porte sur la période du 1er au 18 mai 2020. « Depuis le 1er mai, on ne constate plus en France d’excédent de mortalité par rapport aux deux années précédentes », peut-on lire. Un des signes d’une épidémie contenue et même déjà en récession sur le reste du pays.
Depuis le 1er mai et jusqu’au 25 mai 2020, selon les chiffres provisoires plus récents enregistrés à la date du 5 juin 2020, 38.433 décès sont survenus en France, contre 40.059 à la même époque en 2019 (soit 4 % de moins) et 38.475 en 2018 (soit le même niveau). Même si la baisse des décès sur l’année précédente est surtout marquée en 2020 chez les moins de 50 ans, on peut en déduire que le Covid-19 a frappé plus durement les personnes fragiles, qui auraient sans doute vu leur état de santé se dégrader ensuite. En clair, le nombre de décès a été concentré sur une plus courte période car aggravé par le Covid dans l’Hexagone, il y a donc eu moins de morts ensuite.
L’épidémie de Covid a fait 15% de morts en plus en France
Sur l’ensemble de la période, le nombre de décès survenus entre le 1er mars et le 25 mai 2020 sur le plan national s’élève à 167.776. Il est supérieur à celui enregistré sur la même période en 2019, 142.844, soit 25.000 décès (15%) de plus) ou en 2018 (149.316, soit 18.000 (11%) de plus).
Pour clarifier, il y a eu un surcroit de décès sur la période de pic de Covid, saturant les urgences, mais moins ensuite. En lissant et en pourcentage, la surmortalité en France est actuellement d’environ 10% sur 2019, et de 7% sur 2018.
Mayotte se singularise entre le 1er et le 18 mai, avec non pas une baisse comme en métropole, mais une hausse de la mortalité de 20,5%, 53 décès en 2020, contre 44 en 2019. Normal, nous étions en plein pic épidémique.
A cette date du 18 mai, l’ARS Mayotte enregistrait 19 décès. Qu’il faut retrancher aux 53 pour savoir s’il a eu surmortalité en dehors du Covid. Nous obtenons 34 décès hors Covid en 2020, donc moins qu’en 2019 (44). La surmortalité est donc provoquée par le Covid, ce qui atténue l’impact éventuel de la dengue qui avait été envisagé.
Anne Perzo-Lafond