Comme les indicateurs de la semaine dernière, en France, il n’y a plus d’excédent de mortalité par rapport aux deux années précédentes, nous dit le bulletin hebdomadaire de l’ Institut National des Statistiques et des Études Économiques (INSEE). Entre le 1er mai et le 1er juin 2020, 49.178 décès sont enregistrés en France à la date du 12 juin, soit 3 % de moins qu’en 2019 et autant qu’en 2018. On peut donc penser que les personnes les plus fragiles ont succombé à l’épidémie de Covid au plus fort de la vague, induisant une baisse de la mortalité ensuite. Seuls 6 départements connaissent une surmortalité, elle est comprise entre 10% et 14%.
En décalage avec le reste du pays, Mayotte enregistrait du 1er mai au 1er juin, une surmortalité de 30%, « le nombre de décès est 51% plus important que l’année précédente, 95 décès contre 63 l’année précédente », nous indique l’INSEE Mayotte. Et depuis le début de l’épidémie, on compte un excédent de 68 décès à Mayotte.
Morts de quoi ?
Se pose une première question : de quoi sont-ils décédés ? Au 1er juin, le Covid avait officiellement fait 25 victimes à Mayotte. Faut-il mettre les 43 décès officiellement hors Covid sur le dos de la forte épidémie de dengue qui sévissait encore en mai, comme nous l’avions déjà évoqué ? Ou s’agit-il de décès liés au Covid-19 qui n’auraient pas été diagnostiqués ?
La deuxième interrogation porte sur cette période de surcroit de mortalité, indique-t-elle un pic dans l’épidémie ? En métropole, ce fut le cas.
En métropole, on voit que les décès atteignent un pic le 1er avril avec 2.776 décès (INSEE). Depuis, il recule. Si on le compare avec la courbe des hospitalisations, celle-ci a atteint un plus haut sur cette période, sur les deux premières semaines d’avril. On peut donc dire que le nombre de décès, comme celui des hospitalisations, peut caractériser l’évolution de l’épidémie avec un pic sur cette période.
Superposition des courbes des décès et des hospitalisations
A Mayotte, si on compare la surmortalité à celle donnée par les précédents bulletins de l’INSEE, on voit qu’elle s’est nettement accentuée pendant le mois de mai. D’ailleurs, sur la carte nationale de l’INSEE de l’évolution des décès, qui n’a, rappelons le, rien à voir avec celle des 4 indicateurs du ministère de la santé, Mayotte est repassée en grenat.
La tendance générale montre que depuis le début de l’épidémie au 1er mars, et jusqu’au 1er juin, date des derniers relevés de l’INSEE, on dénombre 277 décès en 2020. Il y en avait 209 en 2019, soit un écart de 68 décès, « supérieur à celui constaté lors des deux semaines précédentes », rappelle Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne locale de l’INSEE Mayotte dans sa note. « L’écart s’est donc creusé au cours de la deuxième quinzaine du mois de mai ».
Pour comparer cette surmortalité aux autres données, il est compliqué d’utiliser la courbe du nombre de malades détectés positifs, étant donné les pénuries successives de tests à Mayotte. Nous reprenons donc comme pour la métropole, la courbe des passages aux urgences. Il en ressort que les deux courbes se superposent, et que le pic pourrait bien avoir été atteint sur cette deuxième quinzaine de mai. Nous utilisons le conditionnel, il est encore trop tôt pour être affirmatif. Le prochain bulletin de l’INSEE permettra de confirmer ou pas.
Enfin, il faut signaler par ailleurs qu’au cours de ces 3 mois, cette surmortalité par rapport à l’année précédente porte plus sur les personnes âgées de plus de 75 ans (100 décès en 2020 contre 62 en 2019 soit une augmentation de 62%), nous dit l’INSEE. Sur ces 3 mois, cette surmortalité touche également plus les hommes que les femmes (+38% contre +25%).
A.P-L.
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