Ce second tour d’élections municipales et communautaires aura vu une forte mobilisation de la population de Mayotte vers les urnes. C’est déjà une image que la métropole qui nous voit toujours en négatif, pourra garder en mémoire. Il faudra décortiquer les taux de participation de tous les territoires, mais peu peuvent se targuer d’avoisiner les 72-73%.
Le scrutin n’a pas été de tout repos sur fond de assouplissement du règlement autour des procurations, un candidat ayant d’ailleurs tenté de le perturber en donnant les ordres sur les souches des procurations, nécessitant l’intervention du président du Tribunal Judiciaire à Koungou, au titre de la Commission de contrôle des opérations électorales.
Signalons qu’à minuit et demi, les médias n’avaient toujours pas reçu les chiffres officiels de la préfecture. Une première !
Sous réserve donc d’une confirmation, la première observation est la reconduite de sept maires sortant seulement, sur les 17 communes. Trois ne se représentaient, pas, Ouangani, Dembéni et Pamandzi. Ce sont de nouveaux visages donc que l’on verra se dessiner aux frontons des mairies de Acoua, avec Marib Hanaffi, de Bandraboua, Fahardine Hamada, de Chirongui, Andhanouni Said, de Dembéni, Saïd Moudjibou, de Kani Keli, Abdou Rachadi, de Mtsamboro, Ben Saïd Laïtidine, de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, de Ouangani, de Pamandzi, Madi Souf Madi et de Sada, Houssamoudine Abdallah.
Pas de femme à la tête des mairies
Le tremblement de terre de ces élections est sans nul doute l’éviction de la maire de Chirongui de Roukia Lahadji/Hanima Ibrahima Jouwaou. Gratifiée de 41,78% des voix au 1er tour, elle n’a pas réussi à récupérer les voix nécessaire. Il lui en a manqué 72… L’élue LREM avait fait preuve d’efficacité sur beaucoup de plans. Le plus, visible, est celui des infrastructures avec le projet osé d’un centre multimédia, qui a émergé, permettant au seul cinéma de l’île d’ouvrir ses portes. Mais elle a surtout œuvré en prévention de l’insécurité, en tenant régulièrement des Conseils de prévention de la délinquance, et en mettant en place un dispositif permettant d’accueillir en mairie en stage les jeunes momentanément exclus de leur établissement scolaire. Elle avait déjà fait deux mandats. C’est donc le LR Andhanouni Saïd qui lui succède.
Autre poids lourd évincé, Mohamed Majani. C’est son principal challenger à la mairie de Mamoudzou qui lui succède, le secrétaire départemental du parti LR, Ambdilwahedou Soumaila.
C’est aussi Anchya Bamana, écartée de la mairie de Sada par le LREM Houssamoudine Abdallah, fort de ses compétences puisqu’il s’agit de l’ancien directeur du Centre de gestion. Il n’y a donc plus de femme à la tête des mairies de Mayotte.
Interrogé sur le plateau de Mayotte la Première sur ce que devront être les premiers pas des nouveaux maires, l’analyste Issihaka Abdillah mettait l’accent sur l’importance des intercommunalités et sur l’implication de l’ensemble des élus jusqu’au bout du mandat, pour appliquer les lignes directrices données. Il soulignait l’importance des intercommunalités dans le développement économique, la propreté des communes, et à plusieurs reprises, invitait les maires à se préoccuper en premier lieu de la rentrée scolaire, « cela fait trois mois que nos enfants ont été privés d’écoles, et pas un candidat n’a inscrit sur son programme l’organisation à mettre en place. »
Anne Perzo-Lafond
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