Le 2 juin, l’INSEE analysait que l’activité économique mahoraise aurait diminué de 18 % à la suite des mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie mondiale du Covid-19. Une baisse deux fois moins forte qu’au niveau national, -36%, soit plus d’un tiers du PIB, et largement inférieure à ce qu’elle n’est dans les autres DOM (environ 28 % à La Réunion, aux Antilles et en Guyane). C’est le poids important de l’administration à Mayotte (deux fois plus qu’en métropole) qui a permis d’amortir l’impact sur le PIB. A contrario, des secteurs très impactés par la crise comme l’industrie et l’hébergement-restauration sont très peu présents sur l’île.
L’étude menée dans le cadre du partenariat sur les Comptes économiques rapides pour
l’Outre-mer (CEROM), l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’Agence française de développement (AFD) et l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM), propose une nouvelle évaluation ce 3 septembre.
Elle fait état d’une reprise “très progressive” après le confinement à partir du 18 mai. En juin, la perte d’activité par rapport à une situation normale est estimée à 7 % contre une perte de 18 % au cœur du confinement.
Les entreprises mahoraises n’ont pas pour autant été épargnées : on estime que le secteur marchand a été touché dans la même ampleur qu’en métropole (-12 % à Mayotte contre -14 % pour le reste de la France).
La consommation d’électricité chute de 12%
L’activité repartirait dans l’industrie et le commerce. À l’inverse, la reprise serait plus lente dans la construction (-31%) et les transports (-27%), le tourisme restant quasiment à l’arrêt avec le gel des liaisons aériennes. L’hôtellerie et restauration enregistrent une chute de 60% de leur activité.
Pour mémoire, la restriction sur les déplacements et les ouvertures d’établissements ont engendré une baisse inédite de l’activité de 18 % durant le confinement. La chute des transactions par carte bancaire (-40%) et des versements de billets (-30%) durant le confinement illustre une baisse de la consommation des ménages contraints de modifier leurs habitudes de consommation, même si quelques rebonds de consommation s’observent en lien avec le Ramadan.
Les dispositifs mis en place pour aider les entreprises ont été largement mobilisés, qu’il s’agisse du dispositif de chômage partiel, concernant plus de 9 600 salariés en avril, du report des charges fiscales ou sociales (650 entreprises), des prêts bancaires garantis par l’État (71,5 millions au 25 août) ou du Fonds de Solidarité (32,4 millions euros).
Au cœur du confinement, la consommation électrique a chuté de 12%, et repart
à la hausse en juin avec la reprise des activités (+ 11 % par rapport à 2019), la consommation de carburant (dont la centrale EDM de Longoni est un principal client) de 15%, engendrant -40% d’émission de particules fines.
Premiers résultats de l’enquête Sciences Po-CEVIPOF sur les attitudes des habitants de Mayotte face à la pandémie
La première vague de cette enquête financée par l’AFD a été menée du 5 au 23 juin auprès d’un échantillon aléatoire de 700 personnes de plus de 18 ans, interrogées par téléphone soit en français, soit en shimaoré ou en kibushi. Une deuxième vague de cette enquête effectuée également en métropole, à La Réunion et dans différents pays aura lieu au mois de septembre afin de suivre l’évolution des comportements comme les perceptions de la situation.
Les résultats de la première vague sont en cours d’analyse, mais de grands traits se dégagent :
• les conséquences de la Covid sont jugées graves sur la santé par trois quarts des habitants de Mayotte (et par plus de 80 % des personnes interrogées en métropole). 20 % d’entre eux ont été confrontés à la Covid à titre personnel ou via leur entourage, et 30 % estiment avoir rencontré des difficultés pour accéder aux services médicaux ;
• ces conséquences sont jugées graves également sur l’économie par huit habitants de Mayotte sur dix (et par plus de 90 % des personnes en métropole). Près d’un tiers des personnes interrogées constatent une baisse de leurs revenus depuis le début de l’année tandis qu’à l’opposé un quart considèrent qu’ils ont plutôt augmenté et trois habitants sur dix estiment avoir rencontré des difficultés pour accéder à la nourriture ou aux services d’aide sociale ;
• les conséquences de la pandémie sont ressenties également à Mayotte en matière de sécurité, deux tiers des personnes interrogées estimant que le nombre de vols et d’agressions a augmenté depuis le début de la crise.
Lire l’étude CEROM
Comments are closed.