C’est donc une « voie médiane » qui a été décidée par le préfet de Mayotte ce vendredi pour le territoire, qui permet d’éviter momentanément le confinement, mais dans un contexte sanitaire « pas stable ». Rien n’est acquis donc, et les 15 jours d’observation pourront amener le dispositif à évaluer. Saluons l’autonomie laissée par le président de la République aux territoires ultramarins pour juger de ce qui est bon pour eux. Ce n’avait pas été le cas en mars, avec le décalage que l’on a connu et le ras-le-bol du confinement au sein de la population au moment où l’épidémie était au plus haut.
Les contraintes portent logiquement sur les grands rassemblements en milieu ouvert, voulés etc., les épreuves sportives sans spectateurs, et les plus petits regroupements en milieu fermé, « pas plus de 6 personnes ». Le milieu économique sort pour l’instant son épingle du jeu, les bars et restaurants étant les plus touchés, mais avec une autorisation d’ouverture malgré tout jusqu’à 22h30. Autre mesure annoncée par le préfet de La Réunion, le retour des motifs impérieux pour voyager depuis et vers l’île Bourbon, ce qui impacte donc Mayotte.
Dorénavant, les plus gros rassemblements, c’est donc le milieu scolaire qui va les concentrer, avec une ouverture maintenue de la maternelle jusqu’au lycée, en métropole comme en outre-mer. Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a rappelé à cette occasion que sur les 7 derniers jours, seulement 0,07% des élèves ont été touchés par la maladie en France, et parmi le personnel éducatif, 0,18%. (Sur l’ensemble du pays, le taux de contamination avoisine les 2% au 30 octobre 2020)
Un protocole sanitaire renforcé a été mis en place, confirmé par le premier ministre, spécialement appliqué dans une métropole confinée où le virus circule activement. A Mayotte, les grandes lignes de ce protocole sont reprises, nous explique le recteur.
Des masques petit-format
Nous avons interrogé Gilles Halbout sur les nouveaux critères d’âge pour le port du masque, abaissés à 6 ans. « Comme leurs aînés, ils doivent être équipés par leurs parents, mais pour ceux qui ne le seraient pas, nous avons des masques adaptés à leur visage, 35.000 lavables ont été distribués, et 12.000 jetables. Quant aux personnels, nous avions entrepris le renouvellement des masques DIM défectueux, nous diffusons actuellement 1,5 million de masques grand publics supplémentaires, ainsi que des masques de type 2 pour le personnel vulnérable. »
En matière de protocole sanitaire renforcé, il indique appliquer les consignes nationales selon 5 critères. Après la distribution des masques, la ventilation des salles de classe arrive en 2ème position, « on nous a signalé des Naco cassés, nous allons intervenir rapidement », suivi par leur nettoyage, « j’ai demandé qu’on nous signale tous les établissements où il y a un problème, et nous avons distribué des poches de lingettes virucides pour nettoyer les surfaces utilisées. » Quant aux gestes-barrière, c’est un rappel permanent qu’il faut faire, « réexpliquer qu’il faut se laver les mains avec attention avant et après l’école, avant et après la récréation, avant et après être allé aux toilettes, avant et après la restauration. Et ne pas hésiter à nous faire remonter tout déficit en savon ou en gel hydroalcoolique. Nous avons des stocks, et nous en avons récemment distribué une quinzaine de litres. »
Difficile de réduire le brassage des élèves
Le 5ème point sur la transparence des cas est vital pour bloquer toute diffusion, « en isolant dès qu’on a connaissance d’une personne contaminée. Pour l’instant, le virus n’a pas circulé dans les établissements, nous n’avons jamais eu de cluster, contrairement à la métropole. Lorsque des professeurs ou des élèves ont été déclarés positifs, nous les avons isolés, et même la classe entière quand cela s’est présenté. Nous déclinons le protocole avec l’ARS, en toute transparence. »
Par contre, le dernier point du protocole sanitaire portant sur le minimum de brassage des élèves, est plus compliqué à appliquer à Mayotte. « Nous faisons au mieux en organisant par exemple quand c’est possible un sens de circulation. Mettre en place des arrivées différées pour les élèves est impossible en raison des horaires stricts de ramassage scolaire ici. On ne peut pas non plus organiser des récréations alternées en raison du bruit et de la surveillance que cela augurerait. En plus, on ne peut figer une classe dans une salle pour éviter que les élèves circulent, en raison du déficit de salles. On le fait quand c’est possible. Lorsque nous étions en CHSCT la semaine dernière, un syndicat a fait remonter l’idée de cours par demi-groupes. Ce serait possible en confinement, avec la certitude que l’autre partie de la classe est chez elle, et pas dans la rue. Mais reste la fracture numérique qui priverait de toute façon une partie de l’enseignement scolaire. »
Si le milieu scolaire tente donc de coller au protocole national, reste que la majorité des contaminations se sont faite à l’extérieur, lors de soirées ou de repas de familles. Un mode de diffusion qui devrait se tasser depuis que le préfet a demandé dès ce lundi à tous de ne compter que jusqu’à 6 lors de nos rassemblements festifs, suivant la directive nationale.
Anne Perzo-Lafond
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