L’amphithéâtre du lycée des Lumières était bondé ce lundi matin pour l’ouverture des Assises de la sécurité et de la citoyenneté, initiative de la mairie de Mamoudzou.
A tel point que, Covid oblige, les élus municipaux ont dû quitter la salle pour libérer des sièges et se rendre dans les deux sites prévus pour la retransmission en direct des échanges.
Le thème central de cette journée était sans conteste “la violence, un sujet qui nous préoccupe tous qui rythme notre quotidien depuis plusieurs années” selon le maire de Mamoudzou Ambdilwahédou Soumaila. “Cette violence met en péril le lien social et le pacte républicain qui structurent notre vie commune dans la cité. Force est de constater qu’une partie de notre population se prive de ses libertés individuelles pour se mettre à l’abri. Le principe de précaution ne peut être seul l’alpha et l’oméga d’une politique sécuritaire.”
Et le maire de constater une “perte de sens, de repères, de valeurs, qui explique sans doute cette forme nouvelle de violence, commise par une population toujours plus jeune. Une violence allant jusqu’à cibler les services de secours comme les pompiers ou les ambulanciers”.
“En prenant part à ces assises de la sécurité, nous optons pour une démarche inclusive afin que chacun se saisisse de l’opportunité d’être acteur des solutions. Beaucoup de nos concitoyens se sont mobilisés et ont partagé leurs solutions” poursuivait le premier magistrat du chef-lieu.
En tout, plus de 1000 citoyens ont répondu au questionnaire proposé par la mairie, entre sondage et plate-forme de propositions.
Le premier constat, c’est celui d’un “fort sentiment d’insécurité” parmi les sondés, qui sont 87% à se sentir en danger le soir. Seuls 2% d’entre eux trouvent leur quartier sûr. Et pour cause, 36% des répondants ont subi une intrusion à leur domicile et 36% ont été victime d’un agression hors de leur domicile au cours des 12 derniers mois.
Pour Madi Madi Souf : président de l’association des maires, “la situation est grave, que vous soyez chez vous dans vos maisons transformées en bunker ou dans la rue, l’insécurité est permanente et ne nous quitte plus. Il ne peut y avoir de liberté sans sécurité. Nous sommes bons dans les discours, nous devrons être très bons dans les moyens à mettre en oeuvre pour ne pas tomber dans l’oubli.”
Le préfet saluait à son tour l’initiative, avant d’être coupé par la sonnerie jazzy du lycée, certes sympathique mais qui rend inaudible du fond de la salle tout ce qui se dit en bas.
“C’est la première fois que dans la même enceinte nous réussissons à rassembler des élus, des responsables de l’Etat, des services de sécurité, des responsables cultuels, des chefs d’entreprise, des hommes et des femmes qui se sentent concernés par ce sujet.” Pour le préfet, il faut une introspection, voire une main tendue à la partie de la population que la départementalisation a laissée de côté.
“Il faut que chacun prenne la mesure que nous faisons tout ce que nous pouvons pour contrôler la situation et que des hommes et des femmes souffrent de cette situation, et ce n’est pas supportable.
Mon sentiment c’est que nous connaissons 2 Mayotte. Un Mayotte qui s’élève, avec des parents qui veulent que les enfants aient des valeurs, des aspirations professionnelles, qui veulent vivre paisiblement, et il y a un Mayotte qui décroche, qui n’a pas de statut, pas d’avenir, pas de référent. Un Mayotte qui souffre aussi comme les victimes de l’insécurité. Essayons de réfléchir sur ces sujets. Je ne pense pas que nous puissions trouver des issues efficaces si le Mayotte qui s’élève ne regarde pas le Mayotte qui décroche.
Ce que nous ouvrons aujourd’hui c’est un chantier de long terme. Notre obligation est de satisfaire l’intérêt général.“
Y.D.
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