Les entreprises massivement présentes prenaient connaissance du Plan de continuité et de reprise des activités économiques dans le cadre du Plan de Relance en cours d’élaboration en partenariat avec l’Etat, avec un focus sur l’avenir puisque 12 d’entre elles étaient lauréates de l’appel à projets Innovation Mayotte 2020. Le préfet présent n’avait qu’un rôle d’observateur, le vice-président chargé du développement économique Ben Issa Ousseni menait le bal, suivi de prés par Mohamed Ali Hamid, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), très présente dans les dispositifs d’accompagnement par le biais d’une convention.
Avant d’entrer dans le vif du sujet de l’inventaire des mesures très concrètes, revenons sur le contexte. Pensées dans le cadre de la crise sanitaire, ces mesures vont certainement apparaître comme un accompagnement indispensable de l’évolution de notre économie, à plus long terme. Prenons comme exemple le chèque de consommation de 100 euros, ils sont une première sur le territoire et vont permettre de fidéliser une clientèle qui n’avait pas l’habitude d’être ainsi chouchoutée.
Secundo, si les élus ont cette fois pris la place qu’occupait jusqu’à présent l’Etat dans l’accompagnement économique, il faut saluer la décision du préfet Jean-François Colombet de ne pas avoir placé le territoire en confinement il y a deux semaines, contrairement à la métropole et la Martinique, et comme il avait la latitude de le faire. Lors de sa courte prise de parole ce mardi, il expliquait avoir effectué un travail de proximité avec ceux qui sont indexés d’être des fauteurs de trouble sanitaire en métropole, « nous avons mené la réflexion avec les débit de boisson, les restaurants, les bars qui ont fait un travail extraordinaire, de sorte que cela n’aggrave pas la situation sanitaire. Ce qui a permis à l’activité économique de perdurer cette fois. » Beaucoup aimeraient être logés à la même enseigne en métropole. Le représentant de l’Etat faisait même souffler un vent d’optimisme, « beaucoup d’indicateurs sont favorables et montrent qu’on est en train de rebondir ». Il saluait avec insistance le partenariat conseil départemental-Etat-CCI et d’autres acteurs, « ce qui a permis au tissu mahorais de résister. »
Davantage de carburant pour les pêcheurs
Pôle international d’accompagnement des entreprises à l’export, marque « Oui Mayotte », French Touch, Invest In Mayotte… On a vu se multiplier les concepts d’intégration du territoire au dynamisme national ces dernières semaines, comme le faisait remarquer Ben Issa Ousseni. La signature des équipes au sein de la Maison de l’Entreprise de la CCI et de ses différents Pôle, de l’ADIM, etc. Quant aux nouvelles mesures du Plan de continuité et de reprise des activités économiques prises le 15 octobre, elles ont été prises par le conseil départemental après avoir fait le constat que la participation aux mesures nationales du Fonds de solidarité et du fonds de soutien départemental et des prêts d’honneur étaient insuffisants ou inadaptés au territoires. « Nous avons écouté les acteurs du Tourisme, du Commerce et du BTP qui nous ont fait remonter leurs doléances, et nous avons débloqué une enveloppe de 6 millions d’euros », expliquait Ben Issa Ousseni.
La Pêche et l’aquaculture ont été destinataires de 400.000 euros, notamment pour l’augmentation de quota de carburant afin d’accroitre l’exploitation des bateaux en mer, le BTP 460.000 euros, notamment sur la mise en place d’une Cellule d’assistance administrative et comptable, les Transports 200.000 euros, pour compenser les surcoûts liés aux mesures sanitaires, le Commerce 1,5 million d’euros, notamment pour le projet Doukas 2.0 de modernisation de 250 petits commerces, le Tourisme 3,1 millions d’euros, soit 15.000 chèques consommation à destination des salariés du privé, et l’Economie Sociale et Solidaire, 300.000 euros, à raison de 1.000 euros par emploi menacé de disparition.
250 doukas 2.0
Les deux mesures phare, Doukas 2.0 et les chèques consommation sont mises en place en partenariat étroit avec la CCI. Les 15.000 chèques de 100 euros seront distribués dès le 1er janvier à des salariés identifiés par le conseil départemental, qui devront les dépenser dans des entreprises locales dont la liste sera affichée, notamment pour découvrir des offre touristiques. « Il s’agit de faire connaître les offres locales aux résidents qui ne savent pas toujours ce qui est disponible à proximité de chez eux », expliquait le représentant de la CCI.
La modernisation des doukas vers le 2.0 est un chantier destiné à les faire évoluer de l’activité informelle vers des outils aux normes : « Chacun sera destinataire de la somme de 4.000 euros, et devra en échange s’engager à être suivi par un expert comptable ou l’association de gestion, pour s’approprier les outils de gestion de caisse, un terminal de carte bancaire, ou une balance électronique. » Ce sont 250 doukas qui seront ainsi accompagnés.
Parallèlement, seront dispensées des formations des dirigeants d’entreprises aux conditions sanitaires actuelles, notamment dans la restauration.
Dépassant les mesures nationales, Mayotte vient de prouver qu’elle sait se donner les moyens d’avoir des mesures adaptées à son contexte et à ses défis.
Anne Perzo-Lafond
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