Parfois en saynète, parfois en musique, les élèves du collège Ouvoimoja de Passamaïnty égrènent un à un les droits fondamentaux qui sont les leurs. “On est venus présenter les différents droits des enfants, comme celui de vivre dans une maison, en famille, d’être soigné, de s’exprimer, d’avoir des loisirs, d’être protégé contre les discriminations” déclame Natacha tandis qu’une camarade complète la liste des droits énoncés dans la convention internationale dont la France est signataire et qui est célébrée lors de la JIDE, la journée internationale des droits de l’enfant qui se tenait vendredi.
“C’est une date importante” salue Issa Issa Abdou, vice-président du conseil départemental en charge de l’enfance. “Et le collège est un endroit d’éducation, qui est aussi un droit” poursuivait l’élu avant de se rendre dans un autre endroit symbolique des droits de l’enfant qu’est le CHM.
A l’issue de la prestation des élèves, le recteur Gilles Halbout se disait lui “très ému, très touché. Les droits des enfants sont les droits de tout le monde, l’éducation au droit c’est une éducation à la citoyenneté, et un partage de la culture humaniste et des valeurs de la République”. Pour le recteur, il reste certes “beaucoup à faire” dans ce domaine mais “à Mayotte chaque jour on avance” assure-t-il.
Les élèves venaient de présenter un conte relatant l’histoire d’un loup vert, mécontent de sa condition. Le jeune loup désireux de devenir un loup gris comme tout le monde, demande l’aide d’un génie, qui lui en fait voir de toutes les couleurs, le changeant tour à tour en poisson ou en oiseau. Au final le loup vert réalise qu’il est bien plus heureux comme il est. “On est tous des loups verts, on doit tous en être fiers” rebondissait alors Gilles Halbout.
Halifa, 14 ans, a quant à elle dû surmonter son trac devant tous ces adultes. “C’est une journée importante car c’est un moment où on peut s’exprimer et se libérer de tout, j’ai été ravie de pouvoir participer à tout ça” sourit l’adolescente. Selon elle “le droit le plus important, c’est la liberté, et ne pas être exploité aussi. A Mayotte en particulier, il faut trouver une solution face à la violence, c’est le droit à la sécurité”.
Autant dire que le lancement de cette édition perturbée par la crise sanitaire a bien tiré son épingle du jeu. “On prépare déjà l’année prochaine” indique la vice-présidente de l’association Haki Za Wanatsa Lydia Barnéoud qui salue “les partenariats noués lors de la première édition” qui ont permis de mener celle-ci à bien.
D’autant que “mobiliser sur l’intérêt des enfants, c’est compliqué. Il faut trouver et rassembler ceux qui se sentent concernés, dès lors tout se passe bien. Les enfants eux, sont fantastiques, c’est le seul moment de l’année où on parle d’eux, ils sont super intéressés par le fait de comprendre, de savoir, c’est important pour eux mais aussi pour la vie à l’intérieur des familles puisqu’ils ramènent tout ça à la maison” poursuit la bénévole. “L’espace d’expression qu’on leur a créé pour ce projet, ça vaut tout” sourit-elle, montrant les panneaux colorés réalisés par les élèves.
Rejoignant le recteur, elle aussi estime que la protection des enfants est un enjeu collectif. “Protéger les enfants est une nécessité sur le territoire, tous les enfants qu’on ne protège pas sont des enfants qui risquent de nous échapper, et qui s’échappent à eux-mêmes.”
Derrière elle résonnait la mélodie de la chanson “je veux juste un peu d’eau pour faire des ricochets”, qui évoque le droit à l’accès à l’eau pour les enfants. Ironie du sort, le collège devait être évacué quelques minutes plus tard en raison d’une coupure d’eau dans le quartier.
Y.D.
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