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vendredi 22 novembre 2024
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Le lagon gagne sur le bitume, comment se prémunir contre les risques naturels ?

Va-t-il falloir jouer de la pirogue pour passer sur nos routes en période de grandes marées ? Pour l’instant la DEAL pose des pansements et prévoit d’ériger des infrastructures pérennes. Mais à l’échelle du territoire, une réflexion est sans doute à mener face au phénomène d’érosion.

Les automobilistes ont du abdiquer devant la force de la nature la semaine dernière à Ironi Be. A l’arrêt pour certains depuis 5h du matin en attendant que la route, transformée un instant en annexe de la plage, retrouve son rôle initial. Les grandes marées annoncées par la préfecture, ont dépassé cette fois les craintes. Le panneau « Route barrée » installé par la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), fera-t-il des petits ? Entre l’enfoncement de l’île (subsidence) lié au volcan, la montée mondiale des eaux, et la situation exceptionnelle provoquée par les grandes marées (il y en a deux grosses par an, à l’équinoxe), phénomène naturel provoqué par l’alignement du soleil et de la Lune par rapport à la Terre, nous avons cherché à y voir clair.

Sur la subsidence, Christophe Trollé, directeur adjoint de la DEAL, n’est pas alarmiste : « Nous avons subi une subsidence, un enfoncement du territoire au début du phénomène volcan. Depuis un an, cela s’est calmé nous dit le REVOSIMA. Or, depuis, nous avons eu des grandes marées qui n’ont pas envahi les routes comme celle du début de semaine dernière. Nous assistons donc davantage à une conséquence de l’érosion du trait de côte, qui se manifeste dans plusieurs communes de l’île. On peut dire que toutes ces causes additionnées ont provoqué cette situation qui a entrainé une montée des eaux 10 cm plus haut que les précédentes grandes marées ». Ce phénomène est accentué lorsque la grande marée se produit en période de dépression atmosphérique.

Un clapet anti-retour à Ironi Be

Des habitations sont menacées sur les villages de bord de mer (Ici à Koungou)

Des travaux sont évidemment à mener pour ne plus avoir à stopper une circulation déjà compliquée sur un réseau routier sous-dimensionné. « C’est une Route Nationale, donc c’est à l’Etat de les prendre en charge », explique Christophe Trollé. La première route à avoir été envahie par la marée, c’est celle du Boulevard des Crabes qui porte bien son nom, en Petite Terre. « Pour contenir le phénomène, nous avons installé le long des Badamiers des merlons de terre. C’est efficace, mais ce n’est que provisoire. Un muret doit être construit l’année prochaine. » Sur la section de route qui a posé problème la semaine dernière à Ironi Be, un autre système est à l’étude, « étant donné qu’un muret est déjà en place, il faut poser un clapet de non-retour, qui va permettre d’évacuer les eaux de pluies, mais qui empêchera l’eau de mer d’entrer. »

Mais l’érosion des côtes ne touche pas seulement le réseau routier, les habitations sont souvent en première ligne. Sollicitées par leurs administrés, les communes doivent réfléchir à des plans de prévention. C’est le cas à Kani Keli, « menacée par la montée des eaux, une école de bord de mer avait été protégée par la construction d’un mur. Mais celui-ci menace de s’effondrer, nécessitant les travaux. Plusieurs financements sont sollicités, dont le fonds Barnier en appui », explique Christophe Trollé.

S’approprier la gestion de la prévention des risques

La première sirène d’alerte tsunami a été inaugurée en octobre à Dembéni

Le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), dit Fonds Barnier, permet d’envisager l’indemnisation des catastrophes naturelles non prise en charge par les compagnies d’assurance ainsi que le financement de la prévention des risques naturels. Il devait prendre fin l’année dernière à Mayotte et en Guyane, mais a été prolongé de 5 ans. La répartition des crédits du fonds Barnier dépensés depuis 1995 pour les outre-mer montre une distribution très inégale selon les territoires : 89 % des 206 millions d’euros de crédits distribués aux Outre-mer ont ainsi été consacrés aux territoires des Antilles, selon un rapport du Sénat, qui porte sur une période antérieure à notre crise sismique. Sur ce montant, Mayotte a bénéficié de 2 millions d’euros, contre 5 millions d’euros en Guyane, ou 14 millions d’euros à La Réunion, toujours selon le rapport du Sénat.

Si les Antilles ramassent la mise, c’est le fruit d’une « bonne réalisation des plans de prévention des risques naturels et la prise en main par les collectivités de ces questions », rapportait le Sénat.

Dans les territoires d’outre-mer, ce sont les DEAL qui sont en charge de l’instruction des dossiers et du conseil aux collectivités, nous apprend-il, en soulignant le manque d’accompagnement des collectivités. Les sénateurs préconisaient que « l’Agence française de développement pourrait apparaître comme une solution aux problèmes d’ingénierie et de moyens ».

A Mayotte, le phénomène volcan a fat prendre conscience d’une indispensable politique de gestion des risque. Les nouveaux maires doivent donc se saisir des dossiers permettant de solliciter ce fonds, qui peut aussi être consacré aux campagnes d’information contre les risques outre-mer. On pense au volcan, au risque tsunami et à la montée des eaux.

A savoir que le projet de loi de finances 2021 propose de conditionner désormais l’utilisation du Fonds à l’autorisation du Parlement.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
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