Tous les ans à la date du 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, l’ACFAV organisait d’ordinaire un colloque à l’attention des professionnels travaillant dans le milieu du social pour débattre de la question et mettre en place des actions. Ce colloque n’ayant pu avoir lieu cette année en raison de la situation sanitaire, l’association a décidé de mettre en place une action grand public au niveau de la gare maritime et de la barge.
Une dizaine d’employés de l’ACFAV ont tenu un point d’information et ont pris la barge armés de leurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que “stop aux violences sexuelles”, “stop au harcèlement” ou encore “brisons le silence”. Encore trop de femmes sont en effet victimes à l’heure actuelle de violences en tout genre de la part de leur conjoint et, à Mayotte, la question demeure particulièrement taboue. “Le sexisme est encore fortement ancré dans nos sociétés et pas seulement à Mayotte. Dans le cas de viols par exemple on entend encore trop souvent certains propos scandaleux tels que “elle l’a bien cherché” ou “elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça”. La femme se doit d’être invisible sauf bien sûr pour son conjoint”, déclare Malika Bouti, conseillère conjugale et familiale au sein de l’ACFAV. Ce sont toutes ces doctrines sexistes et patriarcales que l’association se propose de déconstruire progressivement, au fil de ses actions. “Mais il y a encore beaucoup à faire”, précise Malika Bouti.
Sensibiliser sur la question des violences économiques
Les violences à l’égard des femmes peuvent s’exercer de différentes manières et ne sont pas uniquement physiques. Le thème de la mobilisation de cette année concernait les violences économiques. “Le conjoint peut prendre le contrôle de l’argent de sa femme et l’empêcher d’en disposer même si elle travaille et qu’il s’agit de son argent”, explique Toioumina Madi Souffou, juriste au sein du service de l’aide aux victimes. “Ces violences sont invisibles, méconnues et beaucoup de femmes ne les identifient pas toujours comme telles”, nous explique Noémie Garnier, la coordinatrice du pôle hébergement et logement. De même, certaines violences peuvent être d’ordre administratives. Certains hommes en effet empêchent leurs femmes d’avoir accès à leur papiers de peur qu’elles ne partent ensuite sans leur consentement en métropole ou à La Réunion.
“Ces violences économiques peuvent entraîner la prostitution de certaines femmes, des emprunts inconsidérés ou du travail au noir”, précise Malika Bouti qui a tenté, lors de cette matinée de sensibilisation, d’expliquer cela aux hommes qui les interpelaient. Car ce sont principalement des hommes qui ont discuté avec les employés de l’ACFAV, les femmes se contentant de petits gestes discrets d’approbation. “Beaucoup d’hommes ont tenté de nous convaincre que la gent masculine était également victime de violences, mais je leur ai expliqué qu’il s’agissait d’un phénomène marginal et que la plupart des violences s’exerçaient à l’encontre des femmes du fait des conceptions profondément sexistes qui régissent encore malheureusement à l’heure actuelle nos sociétés”, explique encore Malika Bouti qui estime qu’une action à l’attention du grand public était particulièrement la bienvenue cette année plutôt que de ne s’adresser qu’aux professionnels comme c’était le cas auparavant.
Par ailleurs, tout au long de la semaine, un programme est proposé, et des émissions sur la thématique des violences faites aux femmes vont être diffusées sur Mayotte la Première afin de toucher un plus large public.
N.G
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