L’Ifremer, l’Institut français de recherche et d’exploration de la mer, se frotte les mains et salue “un succès”. Trois projets portés par l’Institut seront financés parmi 50 projets qui se partageront plus de 400 millions d’euros d’enveloppe.
“Le plaisir de cette annonce est revenu à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et à Guillaume Boudy, secrétaire général pour l’Investissement. Rappelant que l’utilisation d’équipements scientifiques aux meilleurs standards internationaux en termes de performance est devenue une condition de la compétitivité de la recherche française, ils ont listé les 50 projets lauréats qui se partageront une enveloppe globale de 422 millions d’euros. Si les arbitrages d’allocation des budgets respectifs ne sont pas encore effectifs, l’Ifremer se félicite déjà de ce succès qui permettra à ses équipes et à toute la communauté scientifique de bénéficier de nouvelles infrastructures partagées et optimisées pour mieux surveiller, comprendre et protéger l’océan” explique le site de l’Ifremer.
L’un des trois projets, intitulé Marmor, concerne directement Mayotte et la crise sismique qui se poursuit depuis deux ans et demi.
“Le projet Marmor a pour objectif de mettre à la disposition de la communauté scientifique française des équipements mobiles et performants pour faire avancer l’étude de la déformation de la terre, de la sismicité, des tsunamis, du volcanisme et de plusieurs mécanismes environnementaux clés concernant les domaines océaniques et côtiers. Plutôt que de construire une nouvelle infrastructure, ce projet améliorera les capacités des infrastructures nationales existantes et du réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (Revosima), tout en fournissant de nouveaux équipements pour qu’elles travaillent ensemble vers des objectifs communs.
Marmor rassemble 11 institutions et 3 infrastructures nationales de recherche : le réseau sismologique et géodésique français (Resif), le réseau européen des observatoires sous-marins et de la colonne d’eau (Emso) et l’infrastructure de recherche littorale et côtière Ilico. En plus de nouveaux équipements mobiles, un nouvel observatoire multidisciplinaire des fonds marins et de la colonne d’eau sera construit et installé aux abords de Mayotte pour comprendre et surveiller la crise sismo-volcanique sous-marine en cours depuis mai 2018 : cet observatoire viendra compléter le réseau Revosima.”
Cette annonce survient alors que le navire océanographique Pourquoi Pas est actuellement en mission au large de nos côtes, et dans tout l’archipel des Comores pour mieux comprendre l’histoire géologique de la zone.
Le 15 décembre, une étude cosignée par la scientifique Nathalie Feuillet, émet une théorie qui justifie à elle seule que les autorités mettent les bouchées doubles.
Dans cet article scientifique (en anglais) du média spécialisé EOS, l’équipe rappelle que deux essaims sismiques sont actifs au large de Mayotte. Un, à plus de 40km, serait directement lié au nouveau volcan. Le second, situé à quelques kilomètres de Petite Terre, n’est étrangement pas relié au premier par des séismes. Il présente toutefois des séismes VLP (Very long period) caractéristiques d’un mouvement de fluide et serait surplombé par ce qui ressemble à une “vieille caldeira” parsemée de petits cônes volcaniques. Dès lors, les chercheurs émettent l’hypothèse de deux vastes chambres magmatiques indépendantes l’une de l’autre. Soit celles-ci sont reliées en profondeur et on ne perçoit pas les mouvements qui les relient, c’est une possibilité. Soit une seule, la plus éloignée, est reliée au nouveau volcan. Auquel cas la plus proche pourrait “affecter Mayotte et sa population (…) c’est la grande question” conclut l’article.
Une question à laquelle seule la science peut répondre. Si au début de la crise en 2018 les moyens techniques se faisaient attendre, l’Etat semble avoir pris la pleine mesure de l’urgence a mieux comprendre ce qui se passe. Même si la crise sanitaire a quelque peu éclipsé les coups de colliers donnés en termes de moyens scientifique et de protection des population (sirènes, circuits d’évacuation etc.)
Y.D.
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