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vendredi 22 novembre 2024
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Plan pour la jeunesse, transports et constructions scolaires, Covid-19, la rentrée chargée du rectorat

Les vacances sont terminées. L’occasion de faire le point sur les différents dispositifs du rectorat ayant eu cours durant ces quatre semaines. Et sur les grands chantiers de 2021, que le recteur Gilles Halbout souhaite placée sous le signe d’une mobilisation générale pour la jeunesse. Laquelle fait l’objet d’un plan qui sera dévoilé dans les jours prochains. Entretien.

Le Journal de Mayotte : Les vacances qui se terminent ont-elles donné lieu à une mobilisation particulière du rectorat pour occuper les élèves ?

Gilles Halbout : Tout à fait. Nous avons mis les bouchées doubles à l’occasion de ces vacances scolaires. Que ce soit sur le dispositif École ouverte ou Vacances apprenantes. Pour donner un ordre de grandeur, nous avions l’an dernier à la même période dépensé environ 50 000 euros et avions mis en place peu de projets quand cette année nous sommes à 300 000 euros de dépenses. Nous avons également touché un millier d’élèves, mobilisé plus de 110 personnels sur l’ensemble du territoire. Évidemment, nous avons mis l’accent sur les trois circonscriptions de Mamoudzou s’agissant du premier degré mais nous avons aussi mené des projets d’envergure à Sada par exemple. Au total, sur l’ensemble des vacances, trois établissements du second degré et 11 écoles sont restés ouverts pour accueillir les élèves.

Le J. D. M : Sommes nous bien là dans le rôle du rectorat ? S’agit-il d’un dispositif qui a vocation à durer dans le temps ?

G. H : Oui, ça reste pérenne, comme le montre la montée en puissance à l’oeuvre. Nous avons encore eu des échanges hier avec le ministère qui nous a confirmé la vocation de ce dispositif à se pérenniser. Ceci dit, ce n’est pas la vocation des enseignants de faire du travail social pendant les vacances. Avec eux, nous allons en revanche poursuivre et amplifier les opérations qui ont cours durant les périodes scolaires comme les aides aux devoirs après la classe. En revanche, nous allons de plus en plus travailler avec les associations, de parents d’élèves par exemple, pour qu’elles prennent le relais. Car c’est vrai, l’État et le rectorat n’ont pas vocation à tout faire. Il faut développer le tissu associatif et ceci entre dans les compétences du ministère, élargies au 1er janvier à la jeunesse et aux sports.

La question qui se pose aujourd’hui n’est pas tellement celle des moyens mais celle des partenaires… On a par exemple reproché à la préfecture ou au rectorat d’occuper les enfants pendant les vacances à travers des activités qui coutent cher, comme la plongée. Mais force est de constater que le manque d’acteurs de proximité est profond. Il y en a, bien sûr, mais il y a urgence à les développer. L’objectif est donc de pouvoir s’appuyer ces associations et les municipalités, pour continuer ce travail d’accueil et d’accompagnement, le pérenniser et augmenter ses capacités.

Le J. D. M : L’idée est aussi de faire s’investir davantage les parents ?

G. H : Oui, c’est ce qu’il se joue. Que ce soit dans ce cadre ou dans les axes développés par l’Observatoire des violences. L’éducation à la parentalité est un enjeu très fort. Nous avons déjà mené des actions en ce sens à Kahani, et allons prochainement agir pour Tsingoni. On ne peut pas laisser les guerres inter-villages interférer sur l’éducation. De manière générale, il s’agit donc d’essayer de faire s’investir davantage les parents contre les violences, mais aussi sur l’aide aux devoirs qui peut passer par un programme d’alphabétisation, l’école des parents etc. Un budget considérable est prévu pour cela, qui viendra s’ajouter aux prochains programmes liés à la Politique de la ville.

Le J. D. M : Quels sont les grands défis de cette rentrée ?

G. H : Il y a toujours le sujet central de l’immobilier. Plusieurs projets d’agrandissement, de réhabilitation, de construction sont en cours et nous mobilisent pleinement. L’année 2021 va être cruciale là dessus. Notamment, sur ce qui n’est pas tout à fait du ressort du rectorat comme les constructions scolaires du premier degré.

Le deuxième sujet est évidemment celui de la préparation de la rentrée 2021. À ce titre, des moyens exceptionnels nous ont été alloués. 155 postes en plus pour le premier degré, soit trois fois plus qu’à la rentrée précédente. Ce qui va nous permettre de mettre un coup d’accélérateur sur la scolarisation, notamment celle des petits, sur le dédoublement des classes. Pour le collège, priorité aux dispositifs de rattrapage du retard de certains élèves sur la lecture et l’écriture et en parallèle, développement des parcours talent, sections sportives, musicales etc. L’idée est de faire plus de sur-mesure. Et s’agissant du lycée, le plan est de développer encore la filière professionnelle avec l’ouverture de nouvelles formations. Nous avons ouvert 800 places à la rentrée dernière et allons poursuivre sur le même rythme.

Le J. D. M : Concernant la sécurité et le volet sanitaire ?

G. H :  S’agissant du Covid-19, j’estime que nous avons un protocole qui a fait ses preuves. On se met aujourd’hui en position pour une rentrée sereine en dupliquant le modèle précédent. En deuxième semaine, nous déploierons un gros dispositif de test. C’est le moment le plus pertinent car l’essentiel des voyageurs auront été testés quelques jours avant la rentrée, à l’occasion de leur retour.

Au niveau de la sécurité, des travaux ont été effectués pendant les vacances, comme à Sada. Des équipements de vidéo-protection ont été déployés, les abords de plusieurs établissements ont été sécurisés. Nos équipes mobiles de sécurité sont également prêtes en lien avec la police et la gendarmerie. Voilà pour ce qui est de notre ressort mais je pense maintenant qu’il faut s’atteler à un véritable travail de fond sur ce sujet. On ne peut pas transformer tous les établissements en camps retranchés avec des escadrons de gendarmerie mobile qui veillent. On repousse les assauts lorsque c’est nécessaire mais on ne peut pas vivre sur le long terme dans ces conditions.

Il y a une prise de conscience des parents et des municipalités. Il faut dorénavant former, continuer à mobiliser. On voit qu’à chaque fois qu’il y a des dispositifs comme les parents relais, les choses sont plus apaisées. Ce n’est pas la panacée mais à chacun de se responsabiliser localement. Ça commence, continuons à développer cela et sur l’ensemble du territoire. On manque par exemple beaucoup de mobilisation à Dzoumogné et nous essayons de travailler à réparer cela.

Les agents de médiation

Le J. D. M : S’agissant du transport scolaire, va-t-on enfin vers plus de sérénité ?

G. H : Pour la rentrée à venir, nous n’avons pas de signaux inquiétants. Mais je vais, sur ce sujet, rencontrer le président du conseil départemental pour voir comment nous pouvons faire évoluer le système. Plusieurs pistes sont à l’oeuvre. Il s’agirait par exemple d’augmenter les capacités de transport direct. Et de travailler sur le système d’hébergement des élèves. Nous avons un internat qui n’est pas rempli à Tsararano alors que nous avons des élèves qui s’y rendent en se levant très tôt. En parallèle, nous avons prévu de construire quatre nouveaux internats et il faudra les remplir. On travaille également, en attendant, à développer avec les parents d’élèves et le conseil départemental un système d’hébergement dans des familles d’accueil en semaine. C’est un dispositif qui existe en métropole et que l’on peut très bien imaginer ici pour éviter que les élèves ne se lèvent à quatre heures du matin, perdent du temps dans les transports dans un climat pas vraiment serein. Ce sont des pistes mais le travail est en cours.

Le J. D. M : Le travail de fond que vous avez évoqué est-il en cours du côté de l’État ?

G. H : Tout cela s’intègre dans le plan jeunesse que nous allons déployer avec le préfet dans les prochains jours. Plan qui consiste principalement à travailler sur la scolarisation des 16-25 ans, sur leur insertion ou réinsertion.

Je pense que l’on a quasiment gagné la bataille du renoncement politique. Lequel consistait à dire « à quoi bon faire des écoles si c’est pour créer un appel d’air migratoire ? ». La première réponse à cela c’est tout le travail mené par la préfecture dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. On a aussi bien vu que ce n’est pas en abandonnant les projets, en appauvrissant le territoire que l’on empêchait les familles de prendre des kwassas pour venir à Mayotte. Je pense que tout le monde a compris qu’il fallait s’occuper des jeunes qui sont sur le territoire et qui ont vocation à y rester, que c’est dans l’intérêt de tous et que cette bataille idéologique est désormais gagnée. Maintenant, cela doit nous permettre de déployer un plan pour la jeunesse ambitieux et cohérent. Il s’agit de donner de l’espoir à ceux qui ont envie de s’insérer, ce qui justifiera d’être très ferme avec ceux qui ne veulent pas s’intégrer. Je pense que c’est le message à faire passer. Sur tous ces sujets, 2021 ne doit pas être l’année du renoncement mais au contraire celle d’un optimisme militant.

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