501.V2. Le nom est aussi poétique que ce qu’il désigne. Et, à l’image d’un nom de code, parait bien mystérieux. Force est d’ailleurs de constater qu’en termes de certitudes, la seule qui vaille concernant cette nouvelle souche de coronavirus est qu’il n’y en a pas. Pas encore, du moins. Car depuis octobre et son apparition en Afrique du Sud, une véritable course contre la montre s’est engagée pour tenter de mieux connaître ce nouvel ennemi, a priori proche de celui que l’on connaît déjà. Sa principale différence résiderait, non pas en sa nature, mais en sa manière d’infecter le corps humain à travers une mutation de la protéine Spike du coronavirus et située à sa surface. Une mutation qui n’a d’ailleurs rien d’extraordinaire, c’est le propre des virus que de se transformer pour mieux infecter et contourner les défenses immunitaires. C’est d’ailleurs en infectant des personnes immuno-déprimées dans la nation arc-en-ciel que le coronavirus aurait trouvé une faille, exploitée pour devenir la souche 501.V2.
Comment le variant est-il apparu sur le territoire ?
Le premier cas officiel d’infection au variant sud-africain sur le territoire nous vient des Comores voisines. Par précaution, l’Agence régionale de santé de Mayotte avait en effet procédé au dépistage de plusieurs voyageurs en provenance des îles voisines alors même qu’un test négatif au départ était demandé pour embarquer vers l’île au lagon. Au dépistage à l’arrivée, plusieurs personnes se sont cependant avérées infectées par le virus. La possibilité pour que la nouvelle souche mutante circule aux Comores a ainsi incité l’ARS a envoyer des échantillons à l’Institut Pasteur de Paris afin de déterminer la souche dont il s’agissait. Les premiers résultats sont tombés ce vendredi : au moins une personne a bien été infectée par le variant mutant.
Le variant sud-africain est-il plus dangereux pour la santé que la souche initiale ?
Depuis octobre et son apparition en Afrique du Sud, l’observation du virus mutant n’a pas permis d’établir d’évolution sur la gravité de ses effets. « À ce stage, il n’y a pas de preuve que le nouveau variant soit associé à des formes plus sévères de la maladie, mais de plus amples études sont en cours pour déterminer si ce nouveau variant modifie l’évolution de la maladie chez le patient », indique ainsi le laboratoire sud-africain Kwazulu-Natal Research Innovation and Sequencing ( Krisp), organisme le plus avancé en la matière. Les symptômes observés sont par ailleurs les mêmes que ceux qu’implique la première souche du coronavirus.
Le nouveau variant se transmet-il plus facilement ?
A priori, oui. « Nous ne sommes pas certain que le nouveau virus porte une plus grande charge virale, mais plusieurs de nos études le suggère. Nous devons rassembler plus d’information pour comprendre son fonctionnement. Cependant, plusieurs éléments semblent montrer que ce virus se transmettrait plus facilement que les autres souches », explique en ce sens le Krisp. A l’appui de cette hypothèse, l’évolution de l’épidémie depuis octobre en Afrique du Sud. En l’espace d’un mois, la nouvelle variante représentait 90% des échantillons séquencés et le nombre de cas a explosé, passant de 2 000 par jour à 10 fois plus.
Les jeunes contractent-ils plus le virus mutant que l’initial ?
“Les cliniciens sur le terrain nous ont fait savoir qu’ils ont l’impression de voir plus de jeunes gens gravement malades. Nous essayons de comprendre si ce phénomène est lié au nouveau variant du virus ou simplement au fait que plus de jeunes gens sont infectés actuellement”, a expliqué le docteur Richard Lessells, du laboratoire Krisp selon France Info.
Quels risques pour le système de soin local ?
Le risque est évidemment celui d’une saturation rapide du système de soin si le virus venait effectivement à être plus contagieux. D’autant plus que les vacances, les mariages, les fêtes de fin d’année et un
certain relâchement de la vigilance ont multiplié les risques de propagation. L’ARS se veut cependant rassurante, expliquant que le territoire pourrait compter sur des renforts de la réserve sanitaire, de l’armée et d’un appui de La Réunion.
La prise en charge médicale est-elle différente ?
« La prise en charge clinique reste exactement la même », indique le Krisp. À savoir une assistance respiratoire quand nécessaire, des stéroïdes comme la Dexamethasone pour les formes les plus graves et des anticoagulants pour prévenir les caillots sanguins, une complication courante du Covid-19. « Il est important de rappeler que la thérapie ayant prouvé la plus grande efficacité pour réduire la mortalité est la Dexamethasone, qui cible non pas le virus lui-même, mais la réponse immunitaire au virus », explique le Krisp.
Le vaccin est-il efficace contre cette nouvelle souche ?
C’est la grande question. Une des mutations de la variante sud-africaine pourrait aider le virus à contourner la protection immunitaire, qu’elle soit conférée par une vaccination ou par une infection antérieure. Il est ainsi possible que des personnes ayant déjà contracté le coronavirus « classique » puisse contracter la nouvelle souche. BioNTech et Pfizer assurent de leur côté que leur vaccin « à large spectre » reste efficace contre les mutations. Cependant, l’étude qui leur permet de l’affirmer ne prend pas en compte toutes les mutations présentes dans le cas sud-africain. Quoi qu’il en soit, le faible nombre de doses (2×975) attendues par le territoire ne permet pas d’imaginer une protection généralisée à travers la vaccination.
Comment s’en protéger ?
Réputé plus contagieux, le variant sud-africain impose plus que jamais de respecter les règles de protection déjà connues, comme le port du masque, la distanciation sociale et un lavage régulier des mains. « Cela reste le meilleur moyen de prévenir l’infection », rappelle le laboratoire sud-africain, appelant à « faire tout ce que nous pouvons pour prévenir la transmission et ne surtout pas baisser la garde ».
De leur côté, les autorités devraient prendre très prochainement des mesures pour ralentir la circulation du virus, classique comme mutant.
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