CARNET DE JUSTICE. Comme dans les séries télé. Quand il voit un uniforme, Ibrahim force le barrage au volant de son Opel. Il avait, en effet, plutôt intérêt à ne pas être contrôlé et particulièrement ce 1er janvier 2014. Sur la route de Mtsangamouji, Ibrahim prend le volant après avoir terminé une longue fête, un deuxième réveillon. Tout au long de la soirée, il a descendu dix bières, cinq verres de vin et, pour la route, un petit whisky… de quoi lui assurer un solide et illégal 2,5 grammes d’alcool dans le sang.
Sauf que ce soir-là, les gendarmes aussi sont de sortie, ils ont mis en place un point de contrôle routier sur son chemin. Ibrahim s’arrête, comme on peut s’y attendre, avant de se lancer dans une fuite. Lorsque les forces de l’ordre arrivent à sa hauteur, il appuie sur le champignon et leur fausse compagnie. La course poursuite commence… mais Ibrahim a oublié qu’il n’y a qu’une seule route. D’autres gendarmes ont le temps d’installer un barrage à proximité de Soulou, que notre héros va forcer sans se poser de question.
Surtout, ne pas être contrôlé.
Sans permis
Il est finalement arrêté quelques kilomètres plus loin. L’as du volant avait atteint ses limites, pas assez de réflexes. Il n’a plus assez de souffle non plus pour l’éthylotest. Il faudra une prise de sang pour établir son impressionnant taux d’alcool dans le sang.
A leur grande surprise, les gendarmes découvrent alors pourquoi Ibrahim voulait si farouchement échapper aux contrôles. Il n’a plus le permis de conduire depuis 3 ans, il l’a perdu en même temps que tous ses points. Car depuis 2010, il a accumulé les écarts de conduite, à tous les sens du terme, et même les condamnations.
Il n’a pas de chance, Ibrahim. Si certains ne sont jamais contrôlés au volant, lui accumule les vérifications… En 2010 puis 2011, il est condamné quatre fois en Métropole pour des conduites sans permis et parfois en état d’ivresse.
Un ancien militaire
Ce mercredi matin à l’audience correctionnelle de Mamoudzou, la juge Peyrot fait la lecture de son casier judiciaire. Elle tente de lui faire comprendre que les amendes reçues jusque là, sont des peines assez «indulgentes». «Manifestement, vous ne voulez pas comprendre que, quand on n’a plus de points, il faut les récupérer avant de reprendre le volant.»
«Que faites-vous dans la vie ?» demande la présidente. «Je suis au chômage, explique Ibrahim. J’ai fait 11 ans dans l’armée et puis je suis rentré à Mayotte.» La présidente a les yeux écarquillés : «On a pourtant du vous apprendre une certaine discipline à l’armée, non ?» Manifestement, ce n’est pas le cas et la magistrate, qui va suivre les réquisitions de la procureure, a décidé de s’en charger.
Quatre mois de prison avec sursis avec une mise à l’épreuve de deux ans, annulation de plein droit du permis de conduire, impossibilité de le repasser avant un an, obligation d’engager des soins pour ses problèmes alcooliques, obligation de trouver un travail et une formation. L’Opel, avec laquelle il avait fait ses dernières escapades, est confisquée. Finis, les exploits au volant.
RR
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.