30.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeGrève des sages-femmes : contre un statut hybride qui jette le flou

Grève des sages-femmes : contre un statut hybride qui jette le flou

Des blouses blanches qui voient rouge… Les sages-femmes se revendiquent comme professionnelles de santé et veulent être reconnues comme telles par l'application du statut médical. Peu habituées à battre le pavé, elles se sentent oubliées par le Ségur de la Santé.

L’heure très matinale de leur rassemblement en disait déjà long sur leur détermination : dès 6h ce mardi matin, des sages-femmes convergeaient vers le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM). Portant leur blouse blanche et arborant un ruban rouge, marqueur du mouvement intitulé « Sages-femmes code rouge », elles diffusaient leur liste de revendications à chaque automobiliste ou motard de passage, « personne ne doit ignorer notre profession, nous demandons à chacun de signer notre tract », nous explique l’une d’elle.

L’ONSSF, vous connaissez ? Non ? C’est assez normal, l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes, pourtant syndicat majoritaire de la profession, n’étant pas un habitué des blocages et autres mouvements sociaux. « Nous sommes trop gentilles, notre profession est tournée sur l’attention portée à l’autre, on prend du temps, résultat, la liste des revendications est longue », rapporte Cloé Mandard, Présidente de l’Ordre départemental des Sages-femmes, en nous tendant les 4 pages de pistes pour revaloriser leur profession.

Petit florilège de pancartes

Le « Code rouge », utilisé comme symbole, est déclenché lors de l’accouchement, synonyme d’extrême urgence avec un pronostic vital engagé pour le fœtus ou la maman. Sur l’ensemble du pays, c’est donc un signal d’alerte fort à destination du ministre Olivier Véran, accusé de les avoir oublié lors du Ségur de la Santé, qui consacre 8,2 milliards d’euros à la revalorisation des métiers des établissements de santé, dont 183 euros bruts par mois pour les sages-femmes. Une reconnaissance qui n’est pas au rendez-vous, selon elles. « Au sein du Ségur, nous avons été reléguées en professions paramédicales, alors que nous sommes personnel médical selon la loi, notre profession est régie par le Code de la Santé publique ».

Un statut hybride qui jette le flou, « lors des premières mesures de prévention contre le Covid, nous avons été oubliées dans le prévisionnel de masque ! » Ou encore, lors des urgences obstétricales, « elles sont intégrées dans les statistiques des naissances, et non dans les actes médicaux d’urgence ».

9 postes vacants en PMI à Mayotte

En réalité, c’est la profession même qui est méconnue du grand-public, « et même des médecins ! », s’exclame Mathilde LOzano, représentante régionale de l’ONSSF. On ne sait pas que 5 années d’études sont nécessaires avant de se voir délivrer le diplôme d’Etat de sage-femme, on sait mieux qu’elles suivent la grossesse et assurent seules la plupart des accouchements (75%), mais moins qu’elles assurent au quotidien le suivi gynécologique des femmes, la contraception, le diagnostic de grossesse, l’avortement médicamenteux, etc. « Au regard de toutes ces prérogatives, nous demandons à être un praticien de 1er recours, avec obligation de suivre le parcours santé des femmes, depuis l’adolescence, avec une première consultation sur la sexualité, qui est une des priorités du ministre, jusqu’aux suivis de grossesses. On nous augmente régulièrement nos champs de compétences mais sans les accompagner de prescriptions qui vont avec », revendique encore Cloé Mandard.

Cette fois-ci, “faut pas pousser!”

Résultat, la profession est en mal de recrutement, « elle n’attire plus, les maternités ont du mal à recruter, et rien qu’à la PMI de Mayotte, 9 postes sont vacants. Notamment parce qu’à la territoriale, elles sont moins payées qu’en hospitalier. » Si on fait exception de la sur-rémunération de salaires propre aux outre-mer, en métropole, les sages-femmes sont « sous-payées », rapportent les deux syndicalistes. Du début à la fin de carrière, la rémunération brute évolue de 1.900 à 3.800 euros en hospitalier, et 2.400 euros en moyenne en libéral, après 5 ans d’étude.

Peu de sages-femmes issues du territoire parmi les 180 que compte l’île, « parce qu’il n’y a pas d’études de santé à Mayotte, mais aussi parce que notre profession n’est plus attractive », lâchent-elles.

Tout en sourire mais déterminées

« Résiste ! », le refrain de France Gall est diffusé par une sono poussée à son maximum, stimulant un cortège qui s’ébranlait vers le siège de l’ARS au centre Kinga de Kawéni. Les sages-femmes ont été reçues par Patrick Boutie, référent formation à l’ARS Mayotte. « On nous a promis l’organisation de groupes de travail », rapportaient-elles, tandis qu’à Paris, une délégation était reçue au ministère de la Santé.

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...