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vendredi 22 novembre 2024
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Les facteurs aggravants du Covid détaillés dans le bulletin de Santé publique France

L’analyse de Santé publique France porte sur l’explosion de l’épidémie jusqu’à la 2ème semaine de février. Elle intègre donc à peine la stabilisation de ces derniers jours, qu’elle explique surtout par la diminution du dépistage. Et invite à la prudence en raison du nombre important de clusters, tardivement diagnostiqués.

Les chiffres du week-end de l’ARS Mayotte font état d’un taux d’incidence en hausse, 890, ainsi que le taux de positivité, 32,1% contre 31% la veille. Les hospitalisations sont de nouveau en hausse, 141, dont 23 en réanimation. De quoi accréditer l’explication de la stabilisation des jours précédents par Santé Publique France (SpF): on n’a moins trouvé parce qu’on a moins testé. La semaine du 7 février est marquée par une stabilisation du taux d’incidence à un niveau toujours très élevé, « bien que le taux de dépistage ait diminué de 16% par rapport à la semaine précédente », rapporte le dernier bulletin, qui évoque, comme nous l’avions souligné, « des pratiques de test fluctuantes ». Une autre preuve que l’épidémie n’est pas encore tout à fait derrière nous, le taux de positivité de 30,5 la 2ème semaine de février, « proche du maximum observé en 1ère vague, 38,7%, alors que le taux de dépistage était à l’époque dix fois moins important, 243 pour 100.000 habitants la semaine du 1er mai 2020 ».

La tranche de la population à avoir bénéficié d’un dépistage sans relâche est celle des personnes âgées de plus de 65 ans, leur taux de positivité est en hausse. A contrario, les indicateurs pour les jeunes de moins de 15 ans, se sont stabilisés, un possible impact de la fermeture des établissements scolaires, souligne SpF. Soulignons que l’autre conséquence de la fermeture des écoles est qu’ils sont moins testés : -37% de taux d’incidence chez les moins de 15 ans, à relier aux -36% de tests.

Sans doute une conséquence de la diminution du dépistage des jeunes, les symptomatiques ont repris le dessus, alors le nombre de cas asymptomatiques était supérieur début février.

La comparaison des deux courbe, de dépistage et d’incidence, fait apparaître une tranche plus touchée que les autres, celle des 45-64 ans : -20% de dépistage, et +3% d’incidence.

10 cas par cluster en moyenne

Moins de personnes asymptomatiques parmi les porteurs du virus

Prudence sur la proportion de la circulation du variant 501Y.V2, dit « sud-africain », rapporte SpF. Si les premières analyses font état de sa présence dans 70% des PCR positifs au 15 février, les indicateurs ne sont pas jugés assez fiables, notamment « le profil des cas ayant bénéficié de la technique de criblage et de séquençage ». Et s’il est réputé 50% plus contagieux, « rien n’indique qu’il serait à l’origine de formes plus sévères ».

Pas d’euphorie non plus sur un éventuel ralentissement de la transmission de la maladie. Si la forme de la courbe des cas de contagion montre un R0, indicateur de reproduction de la maladie, en baisse, estimé à 1,3 (moyenne de trois indicateurs) contre 1,5 précédemment, il reste supérieur à 1, est donc le reflet d’une « transmission virale intense au sein de la population ». SpF justifie sa position par l’augmentation du nombre de clusters, « identifiés tardivement sans qu’il soit possible d’en maitriser l’expansion », avec en conséquence, « un nombre de clusters actuellement nettement sous-estimé ».

Au 16 février 2021, 159 clusters de Covid-19 ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie à Mayotte, dont 132 clôturés et 27 actifs. La grande majorité a été identifiée dans un milieu professionnel en entreprises publique ou privées (49%), dans une structure associative (19%) ou en milieu familial élargi (14%). On trouve en moyenne 10 cas par cluster.

Les données qui ont changé depuis la publication du bulletin, ce sont les admissions à l’hôpital. Alors que le nombre de patients admis en réanimation était en augmentation rapide depuis mi-janvier, il a ralenti depuis. Mais la situation reste fragile. La tendance générale traduit des malades atteints plus gravement que lors de la 1ère vague, « les cas graves depuis le 1er janvier représentent 42,5 de la totalité de l’épidémie », avec des formes respiratoires requérants des apports d’oxygène en augmentation. Parmi eux, les patients obèses sont de plus en plus nombreux, et plus jeunes, puisque la moitié a moins de 56 ans.

Le Covid, facteur aggravant d’un état de santé dégradé

L’hypertension, un des principaux facteurs à risque

Étant donné les interrogations que cela suscite dans la population, un focus sur le profil des personnes hospitalisées n’est pas inutile.

Tout d’abord, sur les 1.163 hospitalisations de patients Covid+ depuis le 13 mars 2020, la majorité sont sortis, 80 patients sont décédés (7%) et 154 patients sont toujours hospitalisés au CHM.

Depuis le début de la 2ème vague, entre le 1er janvier 2021 et le 18 février 2021, ce sont 77 malades qui ont été admis en réanimation, ce qui représente en un mois et demi, 42,5% de l’ensemble des cas admis sur toute la durée de l’épidémie. Il y a deux fois plus d’homme que de femmes, et la moitié a moins de 56 ans. Parmi ces 77 patients, la grande majorité d’entre eux (92%) a présenté une forme pulmonaire du COVID-19. Seuls deux enfants (moins de 18 ans) ont été admis en réanimation depuis début janvier : un cas de forme pulmonaire sur un patient porteur de comorbidité (maladie grave ou blessure grave), admis pour un autre motif, et un cas de syndrome inflammatoire (multi-systémique post-infectieux) ayant présenté une sérologie positive pour le Sars-Cov-2.

Parmi les 71 cas présentant une forme pulmonaire, il s’agissait principalement de patients atteints d’hypertension (62%), d’obésité (59%), de diabète (46%), d’une pathologie rénale (13%) ou pulmonaire (10%). 7 patients ne présentaient pas de comorbidités : 2 femmes enceintes, une personne en surpoids, 5 personnes âgées de plus de ans 50 ans, sans mention d’indice de masse corporelle pour 2 d’entre elles.

Au moins 54 patients ont développé un syndrome de détresse respiratoire aigu dont 44 formes sévères (investigations en cours de consolidation pour 17 patients).

Santé publique France note 93 décès (l’ARS en mentionne 92), « 91 sont confirmés comme imputables au Covid-19 ». « Pour les patients décédés et âgés de moins de 40 ans, il s’agissait de personnes porteuses du Sars-Cov-2 avec un état de santé grave, pathologie pulmonaire, cancer, méningite ».

Le confinement étant plus ou moins respecté, SpF redonne des consignes de bon sens : « chaque personne présentant des symptômes évocateurs de Covid doit s’isoler immédiatement et réaliser un test diagnostique dans les délais recommandés ». A proscrire : « les lieux fermés non aérés quand on ne peut pas respecter les gestes barrières, les repas entre collègues (salle de pauses étroites), les grands rassemblements familiaux, le covoiturage sans masque ou fenêtres fermées ».

Le Coronavirus semble avoir pris le dessus sur tout autre épidémie, puisque les grippes et bronchiolites saisonnières restent en sourdine, comme dans d’autres pays des hémisphères Nord et Sud, « probablement liée à l’impact des mesures de santé publique et de distanciation physique adoptées pour freiner la transmission du Sars-Cov. Néanmoins, la prudence reste de mise puisque ces virus pourraient faire leur apparition de manière tardive. »

Consulter le Bulletin SpF 18:02:2021

Anne Perzo-Lafond

 

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