Loin de faire écran derrière leur caméra, c’est bien le rôle de « facilitateurs » qu’ont assuré endosser David Carmier et Paul Bouet, conseillers du MOM. Face à eux et pourtant à quelques milliers de kilomètres, l’équipe municipale de Dembéni et son maire Moudjbou Saidi, le président de la Cadema, Saindou Rachadi et le vice-président du Département, Issa Issa Abdou. Mais tout au long de la réunion, c’est bien Jamel Bensabri, le nouveau DGS de la commune qui a mené la danse avec un objectif : présenter Dembéni comme une « ville de projets ».
Et force est de constater que ceux-ci ne manquent pas. Il faut dire que les enjeux le commandent : avec un territoire où 57% de la population est mineure et où le taux d’emploi des 16/24 ans ne dépasse pas les 5%, la situation est « très complexe ». « On sait que dans votre commune et de manière générale à Mayotte la situation est compliquée et nous sommes parfaitement mobilisés même s’il y a peut-être encore des choses à améliorer », assure-t-on depuis Paris.
Mais c’est à Dembéni de convaincre. Alors, vidéos et powerpoint à l’appui, Jamel Bensabri déroule. Sécurité, d’abord, avec le nouveau quartier général de la police municipale au marché couvert de Tsararano, lequel doit aussi « devenir un lieu dédié à la vie sociale ». Un
plan de sécurisation et de rénovation des écoles pour une enveloppe de 2,5 millions d’euros est aussi dans les cartons. Un projet pour le moins nécessaire face aux intrusions et inondations récentes d’écoles dans la commune.
Complexe sportif et piscine en mer
Autre forme de « pression », celle « de la jeunesse en demande croissante sur les équipements sportifs ». Et pour y répondre, c’est peu dire que Dembéni voit grand avec un projet de complexe sportif à 23 millions d’euros, que l’on espère ouvert pour 2027 et s’intégrer au projet d’accueil des Jeux des îles. L’occasion pour Issa Issa Abdou, en pleine campagne, de soumettre une idée : Dembéni, ville universitaire, devrait pouvoir loger ses étudiants, alors pourquoi ne pas les construire pour accueillir les sportifs des Jeux, puis les destiner au public estudiantin ? « Du deux en un qui bénéficierait à tout le monde », selon l’élu.
Apprendre et faire du sport, voilà qui amène à un autre projet phare de la municipalité avec la première piscine publique de l’île. 2,4 millions d’euros pour une piscine en mer intégrée au lagon, avec son poste de maîtres nageurs sauveteurs. À terme, cette zone d’Iloni devrait également accueillir le ponton de la nouvelle barge censée relier Mamoudzou. Un sujet qui donne l’occasion au président de la Cadema d’intervenir. Pour annoncer la volonté de l’interco d’expérimenter des navettes de transport d’une capacité de 20 personnes, « comme ça se fait aux Seychelles », en attendant les gares maritimes. « On voudrait expérimenter cela d’ici la fin de l’année… Inch’Allah comme on dit chez nous ! », lance Saindou Rachadi, faisant pouffer l’assistance.
Actionner les leviers administratifs, politiques et financiers
Laquelle était masquée, Covid oblige. Des circonstances propices à vanter les mérites d’un futur pôle médico-social, qui serait adossé à une crèche municipale et à des logements sociaux. Là encore, on veut aller vite et permettre à ces équipements, les premiers du genre dans la commune, de voir le jour en 2022.
Un volet social qui n’aura pas laissé indifférent Issa Issa Abdou, bien déterminée à passer un message (bien préparé) en faveur de la convergence des droits à Paris. « Ce n’est pas
de l’assistanat que nous demandons mais d’être traités comme des Français à part entière », a martelé le vice-président en campagne. Une sortie sur laquelle les conseillers du ministre se sont dits « sensibles ». « Vous pouvez compter sur nous pour nous en faire le relai même si le président en a bien conscience ».
Pas d’assistanat donc, mais un peu d’aide sur ces projets serait la bienvenue rappelait l’objet de la réunion. Qu’ils soient financiers, politiques ou administratifs, les leviers seront levés au maximum assure-t-on à Paris. « Merci de nous signaler ces lenteurs, on veillera à les relayer », indiquent-ils par exemple à propos du dossier de déclaration d’utilité publique de la ZAC portée sur le territoire. Et les conseillers de promettre une venue prochaine du ministre. Annoncée, reportée, annulée… Espérons que la « ville de projets » ne prenne pas la même voie.
G.M.
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