Référence majeure des journalistes, Albert Londres a commencé sa carrière en 1906, et a rapidement évolué comme grand reporter, décrivant en Russie soviétique le régime bolchévique, les actions de Gandhi en Inde, les ghettos juifs à Varsovie ou les conditions des bagnards à Cayenne. Le prestigieux pris Albert Londres est d’ailleurs décerné chaque année aux meilleurs grands reporters francophones.
C’est donc sur ces pas que sont parties des équipes de jeunes et de moins jeunes, répondant à l’appel de l’atelier cinéma du Pôle culture du CUFR et de l’association de Vichy « Sur les pas d’Albert Londres », ville de naissance du journaliste, en lien avec le Rectorat de Mayotte et les partenaires de la DJSCS et de la DAC ainsi que l’association Hippocampus. « Notre objectif était d’offrir à tous les étudiants français et étrangers une vision d’un journalisme sans frontières », avait expliqué Jean-Claude Mairal, initiateur de l’association « Sur les pas d’Albert Londres ».
Initialement prévu pendant la crise COVID du mois de mai, le concours s’est déroulé du 1er au 3 octobre à Vichy et à Mayotte, qui rejoint pour la 1ère fois l’évènement. Les participants avaient deux jours pour écrire, tourner, monter un reportage qu’ils devaient impérativement remettre 48h après le lancement du concours.
Et ce vendredi 2 avril, ce sont 17 films qui étaient présentés au Centre universitaire de Dembéni, lors de la remise des prix, validé par deux jurys, l’un à Mayotte, l’autre à Vichy, présent en visio. Une section était dédiée aux scolaires, lycéens et collégiens, l’autre à tout public.
Le Smartphone dans la plaie
Bruno Girard, professeur certifié au CUFR, qui l’organisait en coopération avec le Pôle culture du CUFR, saluait la prouesse pour cette première à Mayotte : « Il fallait trouver un bon sujet, des témoignages intéressants, les mettre en scène, faire le montage, rajouter la musique, un générique et tout ça, sans aucune formation ! »
Le recteur Gilles Halbout était présent notamment sur le concours des scolaires : « Je salue l’idée originale de Jean-Claude Mairal. Il permet aux jeunes de toucher du doigt la vocation du journaliste qui, comme le disait Albert Londres, « n’est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, (mais elle) est de porter la plume dans la plaie ». Aller « Sur les pas d’Albert Londres » permet donc aux jeunes de se projeter. » Et les organisateurs voient plus loin, comme l’annonçait Aurélien Siri, directeur du CUFR : « Nous mettons en place un projet d’itinérance qui va permettre aux jeunes de se rendre notamment à Vichy bénéficier d’un atelier cinéma. C’est le début d’une aventure de cinéma puisqu’en 2022, ils vont travailler sur la réalisation d’un court-métrage professionnel ».
Manger bio et vitaminé… un geste traditionnel
Pour les scolaires, l’établissement couronné est le collège Tani Malandi, pour « Pesticides, le défi de l’alimentation à Mayotte », tourné sous la houlette de leur professeur d’Histoire, par ailleurs ancien journaliste, Cyril Castelitti. En 5 minutes, les sujets y sont couverts de façon assez large, avec des pistes de formation aux méthodes traditionnelles, notamment le recours à Mayotte à la bouse de vache. L’enchainement rythmé des images, les qualités du cadrage et des méthodes vidéos ont valu à l’équipe de remporter un prix de 800 euros.
Toujours chez les scolaires une mention spéciale a été attribuée au Lycée des Lumières pour le reportage plein d’humour sur « Le sport et le lycée ».
Le prix Tout public était attribué à « Nos plantes sacrés », tourné par l’équipe le Hasary, d’Ali Mohamed Ibroihima et Andjilani Anzidine. Il revient sur les plats traditionnels, qui collent aux concepts modernes du manger bio, et multivitaminé, avec de belles images et une bonne utilisation des techniques cinématographiques.
Deux mentions spéciales ont été attribuées, sur le thème de l’eau, pour des reportages tournés en période de pénurie. « Le robinet me manque », de l’équipe Galaxy One, de Hamidou Rahim, Madi Maftaha Adidja et Youssouf Mohamadi et « Le problème de l’eau à Mayotte », de Nyamba Mwenge, de Abidina Ahamada, Adam’s, Ibrahim et El-Faïz, traitent des difficultés d’accès à l’eau et mettent en avant les trésors d’ingéniosité dont doivent faire preuve les habitants de quartier non raccordés à l’eau potable.
Beaucoup de sujets abordés sur l’ensemble des 17 vidéos, avec une certitude à la fin, énoncée avec aplomb par la collégienne vainqueur de Tani Malanid s’adressant aux autres participants, « vous n’avez peut-être pas gagné, mais vous avez montré les beautés de Mayotte, c’est ça l’important ! ».
A.P-L.
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