Sous les déchets, les crabes. Ils sont là, par centaines ou milliers, tout au long de la rivière de Bandrélé à agiter leurs pinces blanches. Dans une danse, comme pour rappeler leur présence, malgré tout, entre plastique et ferraille. Dans un signal d’alarme car l’heure est grave pour la mangrove. Un message que sont également venu porter quelques 60 bénévoles ce samedi, le long du cours d’eau reliant l’hôtel de ville au lagon. Réunis sous la bannière de la fédération mahoraise des associations environnementales les voilà de leur côté agitant leurs râteaux. Charriant des sacs pleins à craquer pour les flanquer à bord des camions municipaux.
« Chaque association vient avec ses forces »
Un énième nettoyage associatif ? Pas tout à fait, explique Kelly Chevalier-Nkouka pour la FMAE : « aujourd’hui c’est une action symbolique, coup de poing pourrait-on dire, comme on en fera tous les mois, mais ce n’est pas l’essentiel du projet. En parallèle de ça, nous allons travailler quotidiennement à la sensibilisation à travers des interventions dans les écoles par exemple ».
Le projet en question, Asso-Ambassadrices du Lagon, porté par la fédération et six associations membres vise ainsi à « créer une émulation autour de la protection du lagon, porter le message et sensibiliser au mieux sur les conséquences des comportements à terre », rappelle la coordinatrice du projet.
Pour ce faire, chaque association dispose de deux référents dans un duo bénévolat-service civique formé par la fédération et ses partenaires. « Chaque association vient avec ses forces, ses compétences et nous choisissons ensemble les actions les plus pertinentes à mener autour de cet objectif commun. Par exemple, une association de Moinatrindri est plus porté sur le reboisement quand celle de Poroani est spécialisée dans la mangrove et celle de Kani-Bé sur les interventions auprès de la jeunesse. C’est la conjugaison de tout cela qui nous permettra d’avancer », espère Kelly Chevalier-Nkouka le temps d’une pause à l’ombre.
« Il faut que ça se répande partout sur le territoire »
« Pour que ça marche, il faut que cette démarche soit suivie par les acteurs institutionnels, c’est indispensable qu’ils se saisissent de ce sujet à la hauteur des urgences. Aujourd’hui, nous commençons avec le territoire de la CCSud car elle nous a suivi mais il faut que ça se répande partout sur le territoire », plaide de son côté le secrétaire général de la FMAE, Naïlane-Attoumane Attibou. Si le parc Marin, Département, direction de la jeunesse ou encore le Crédit Agricole sont également de l’aventure, « il faut aller plus loin, insiste le coordinatrice du projet. Nous voulons amener le plus grand nombre possible d’acteurs institutionnels autour de la table pour pouvoir penser plus grand et agir plus en profondeur ».
Et sur le terrain, bien-sûr, on compte sur la mobilisation des habitants. Laquelle est plutôt maigre ce samedi où l’on trouvera plus d’yeux curieux que de mains fortes. « Une association de Dembéni s’est spontanément jointe à nous alors que nous sommes censés être sur un projet CCSud », souligne toutefois Kelly Chevalier-Nkouka, pour montrer que « le dynamisme, les bonnes volontés sont là » et ne souffrent pas de frontières. « C’est bien, c’est motivant pour une première. Il y aura quelques ajustements à faire mais on sait où on va », sourit-elle avant de reprendre son râteau direction la mangrove. Gageons que l’île en pince pour la démarche.
G.M.
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