Après avoir inauguré son village relais à Majikavo Koropa le mois dernier dans le cadre de la lutte contre l’habitat insalubre, la mairie de Koungou s’attaque à l’économie informelle. Les marchandes de bord de route, assises dans la poussière et l’humidité, sont en effet vouées à disparaître. Le maire ne s’est pas levé un matin en prenant cette décision, elle découle de la mise en œuvre du NPRU, Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPRU).
Lancé en 2014, le NPNRU prévoit la transformation profonde de plus de 450 quartiers prioritaires de la politique de la ville en France, une manière pour l’Etat d’accompagner la rénovation de l’habitat et des équipements publics, pour favoriser la mixité dans ces territoires.
« Le projet NPRU, ça tire tout le monde vers le haut ! », nous avait rapporté Djamil Abdallah, Chargé de mission insertion, emploi et développement économique à la mairie de Koungou, en nous détaillant nombre de chantiers d’insertion dupliqués sur la commune.
Cette fois, c’est à l’économie informelle que ses services s’attaquent avec un travail de fond pour accompagner à la régularisation, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville. Car l’opération est cofinancée par l’Etat. « Lors du confinement, beaucoup n’ont pas pu bénéficier des aides du gouvernement car ils exerçaient de manière informelle. Ils se sont retrouvés en difficulté, or ceux qui sont en situation régulière sur le territoire peuvent bénéficier d’accompagnements. »
Des aides de 200 à 1.000 euros
Toute la semaine, la police municipale a arpenté la route et les marchés de Majikavo Koropa, Koungou et Longoni pour inviter ces vendeurs et vendeuses à rejoindre les stands proposés par la couveuse d’entreprise Oudjerebou et l’Adie. « Pour régulariser leur situation, ils doivent produire une pièce d’identité, un titre de séjour et un justificatif d’adresse, et pourront obtenir des aides et des financements de l’Adie, l’association pour le droit à l’initiative l’Initiative économique », rapporte encore le cadre de la mairie.
Une fois la situation régularisée, les vendeurs pourront continuer à exercer sur leur point de vente, « en attendant le réaménagement de leur emplacement à Majikavo. Les personnes en situation irrégulière ne peuvent par contre pas intégrer le dispositif ».
L’opération a été menée les semaines précédentes à Majikavo, et Koungou, pour finir par Longoni. Elaudia Mananjara était la première à pénétrer dans les locaux du CCAS de Koungou jeudi dernier. Elle fait partie des rares à être administrativement en règle, en produisant un K-bis, mais cette vendeuse de friperies en bord de route ne sait pas qu’elle peut bénéficier d’aides à l’installation. « Un budget de 25.000 euros est alloué à l’initiative entrepreneuriale. Décidée en mairie, elle est financée à 20.000 euros par la NPRU et 5.000 euros par la politique de la Ville. Une fois l’attestation d’exercer délivrée, la personne pourra bénéficier d’une aide de 200 à 1.000 euros, sans compter les autres aides qui sont trop méconnues. Par exemple, elle pourrait bénéficier du Projet Initiative Jeunes ou de l’Aide à l’Initiative des femmes du Conseil départemental, et à tous les dispositifs portés par la CRESS, la CCI, l’Adie ou Oudjerebou ».
Madi Rafidati attend son tour. Cette vendeuse de fruits et légumes au marché de Koungou va être accompagnée par la couveuse, notamment sur le rentabilité de son commerce et pour le régulariser.
Les vendeurs et vendeuses à la sauvette ont 3 mois pour entamer les démarches de régularisation, avertit la mairie.
En sortant, des gilets orange sont en statique sur la route, « des membres du Comité de médiation citoyenne et des médiateurs de rue de ‘Action coup de pouce’, qui étaient concentrés sur Majikavo Koropa, et que nous avons étendus jusqu’au collège de Koungou depuis la fin du confinement ».
Lors de l’annonce des quartiers bénéficiaires du NPRU Kawéni, La Vigie et Majikavo Koropa, il y a 5 ans à Mayotte, les contours du projet étaient encore flous. C’est désormais un « plus » dont rêveraient toutes les communes pour booster leur réaménagement.
Anne Perzo-Lafond
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