28.9 C
Dzaoudzi
dimanche 24 novembre 2024
AccueiljusticeDes locataires logés dans "des toilettes", un marchand de sommeil condamné

Des locataires logés dans “des toilettes”, un marchand de sommeil condamné

Entre 10 et 30 personnes selon les versions étaient logées sur un terrain de Mtsapéré, dans une maison en construction ou dans des bangas attenants. Le propriétaire affirme qu'en fait de bangas, il s'agissait de "toilettes" et d'un "entrepôt" pour lesquelles des familles payaient pourtant un loyer.

Comment une affaire de mœurs devient un procès pour aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière ? Simplement en cumulant les infractions parmi les plus poursuivies à Mayotte.

Le premier chapitre de cette affaire a été jugé en janvier 2020 : un habitant de Mtsapéré était alors condamné pour séquestration et atteinte sexuelle d’une mineure de 15 ans. Cette dernière profitait d’être entendue par la justice pour dénoncer également la présence d’étrangers sans titre sur le terrain de celui qui avait été son compagnon quand elle était adolescente. De quoi ouvrir un second chapitre judiciaire pour l’intéressé.

Une perquisition était menée à son domicile de Mtsapéré, une maison appartenant officiellement à sa mère. Tout de suite, les enquêteurs étaient intrigués par la présence de deux compteurs électriques, et de nombreux fils installés de façon archaïque et reliant la maison à sa cour. Dans cette dernière, les enquêteurs découvraient plusieurs bangas en tôle reliés à un des compteurs, ainsi qu’une maison en construction, elle aussi approvisionnée par le même compteur. Dans les bangas comme dans la maison en chantier, plusieurs familles étaient hébergées. Dans la maison de la propriétaire, des enveloppes pleines d’argent liquide sont découvertes, chacune portant le nom d’un des occupants non déclarés.

Les policiers entreprennent alors d’auditionner les “locataires”, tous expliquent payer entre 50€ pour les bangas et jusqu’à 150€ pour une chambre dans la maison en construction pour les loyers, auxquels s’ajoutent les factures d’eau et de courant. Des montants corroborés par le prévenu lors de sa garde à vue, qui précise alors que “ma tante me demande de récupérer les loyers”. Des loyers qui étaient alors présentés comme servant à financer la construction de la maison, en chantier depuis plusieurs décennies faute d’argent pour le terminer.

Mais à la barre du tribunal, en l’absence de la propriétaire elle aussi poursuivie, il livre une toute autre version. “Le seul argent que j’ai demandé, c’est qu’on paye les factures” affirme-t-il, tentant de convaincre les juges que ces personnes étaient logées gracieusement “pour aider”. Par ailleurs assure-t-il, “il n’y a pas de banga, c’est une ancienne case Sim qui sert d’entrepôt à un magasin et les anciens toilettes de ma mère”.

“Alors pourquoi ces gens disent qu’ils y habitent ?” s’interroge la présidente du tribunal, “lors de votre garde à vue, c’est vous qui les appelez des locataires”.

“Pas de quoi être fier”

Empêtré dans ses contradictions, le prévenu ne pouvait que susciter l’agacement du procureur.

De nombreux branchements illégaux dans l’île (archive)

“En garde à vue M. a reconnu les faits. Aujourd’hui il nous dit que ce n’est pas pour récupérer les loyers qu’il passait entre le 1 et le 10 du mois. Je pense qu’il a compris qu’il n’y a pas de quoi être fier, car on est dans l’exploitation de la misère humaine. Ces gens sont obligés de faire des petits travaux à la journée, et on vient nous dire que c’est pour rendre service ? Je veux bien qu’on puisse rendre service à une famille dans le besoin pendant quelques temps, mais là on est sur une prévention de 2015 à 2018, il suffit d’un calcul simple, avec une fourchette basse, ça fait presque 20 000€ de versés. Ce commerce, choquant d’un point de vue humain, est aussi très lucratif. Le tout dans des logements contraires à la dignité humaine” poursuit le substitut qui décrit des cases “sans carrelage et sans aucun confort, juste pour mettre de l’argent de côté. Quand j’entends le mot humanitaire, j’ai envie de bondir de ma chaise, car quand on voit les branchements électriques, ces gens auraient pu perdre la vie ! Ca va jusque là cette indignité.”

Le parquet réclamait une peine de 10 000€ pour le prévenu et autant pour sa mère, propriétaire des lieux. Alors que maître Nizari réclamait la relaxe de ses clients, les juges ont opté pour une amende deux fois moins lourde que celle demandée : 5000€ chacun.

Y.D.

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...