Après la constitution d’un collectif qui initie une action en justice, ça continue à bouger à La Réunion, soumise comme Mayotte à partir du 9 juin, à une levée que nous avions décrite comme partielle et partiale des motifs impérieux. Partielle parce qu’elle ne concerne à Mayotte que 7% d’habitants à la couverture vaccinale totale, et partiale parce qu’elle ne s’applique pas comme nous l’avions souligné, à la Moselle où circule pourtant à 35% le variant sud-africain vilipendé. Pas plus que la septaine obligatoire encadrée par deux tests PCR, qui dénote un manque de confiance dans le vaccin.
Dans son courrier, le président de l’Association des maires de La Réunion, Serge Hoareau évoque la différence de traitement avec les Antilles qui ne sont pas concernées par l’obligation d’une double dose de vaccin pour voyager. Il explique être en phase avec le député mahorais Mansour Kamardine, quand il parle d’ « une discrimination inacceptable et insupportable », et compare les taux d’incidence, 123 pour 100.000 à La Réunion et une couverture vaccinale de 9%, « quand la Guadeloupe a un taux d’incidence de 126 pour 100 .000 et 7% de sa population vaccinée ». On rajoutera les indicateurs pour Mayotte, 22 pour 100.000 de taux d’incidence, prés de 6 fois moins, et également 7% de population entièrement vaccinées.
Il reprend aussi le comparatif avec la Moselle, touchée à 35% par le variant sud-africain, alors qu’en métropole, « il n’est point besoin de motifs impérieux pour circuler d’un département hexagonal à l’autre », et que « le variant indien vient de faire son apparition en plus du variant britannique déjà présent ». Enfin, le pass sanitaire mis en place pourrait faciliter en juillet-août les allers-retours depuis des pays européens où circulent différents variants vers la France, alors que nous serions soumis à des règles plus strictes.
Finir de tuer le tourisme
Un traitement différencié qui provoque « un profond sentiment d’injustice, et pour tout dire de colère qui étreint les Réunionnais ».
Pour parler chiffre, les maires réunionnais estiment minime le risque de contagion : « Quelle est la probabilité en effet que les 900 à 1000 personnes atteintes par le virus chaque semaine, soit 0,001 % de la population réunionnaise prenne massivement l’avion, et vienne répandre en France métropolitaine, alors même qu’elles devront se soumettre en plus à deux tests PCR et à une septaine, le variant sud-africain qui par ailleurs est déjà présent sur place ? Elle est infinitésimale pour ne pas dire nulle ». Que dire de la même probabilité sur les 60 cas hebdomadaires à Mayotte…
L’incohérence première est celle qui impose en plus de ce faible risque, aux personnes vaccinées une septaine : « Ce faisant, le secteur touristique réunionnais est victime d’une discrimination intolérable comparativement à ses homologues antillais. A l’évidence, la septaine ne peut que détourner irrémédiablement les touristes de la destination Réunion et plonger ce secteur dans une crise structurelle sans fin de manière totalement injustifiée sur le plan sanitaire. » Nous avions rapporté le témoignage de cette touriste métropolitaine qui envisageait de se rendre à Mayotte mi-juin, mais sans parvenir à se faire vacciner en métropole en raison de l’engorgement des centres de vaccination. Un véritable tue-l’amour pour les destinations touristiques.
Une histoire de confiance, soulignent les maires réunionnais, « les plus hautes autorités sanitaires de notre pays ne peuvent pas d’un côté encourager à la vaccination à grand renfort de publicité et de l’autre jeter le discrédit sur ces mêmes vaccins en exigeant une septaine à la fois à destination de la métropole et de La Réunion. Les vaccins homologués par les autorités sanitaires européennes ne peuvent et ne doivent faire l’objet d’aucune suspicion », ou si ce n’est pas le cas, « il est de la responsabilité du Ministère d’en informer immédiatement nos populations et les élus de la République ».
« Les Réunionnais, à l’instar de leurs homologues Mahorais, seraient donc considérés par les autorités nationales comme des citoyens de seconde zone, qu’il faut reléguer aux marges de la Nation ?, interrogent les édiles, les Réunionnais n’ont pas à subir les impérities de l’administration. Ce sont en effet des décisions politiques et administratives totalement incohérentes qui nous amènent aujourd’hui dans cette situation. Les taux de vaccinations dérisoires dans les outre-mer s’expliquent à la fois par des retards au démarrage et par l’application mécanique d’une stratégie conçue en métropole pour les personnes âgées, à des populations jeunes en Outre -mer. Les français d’outre-mer ne peuvent être davantage pénalisés par des stratégies sanitaires inadaptées et discriminatoires. Le droit à l’adaptation pour notre île aurait dû trouver durant cette crise sanitaire tout son sens. Cela n’est malheureusement toujours pas le cas. »
Ici, une réunion est prévue ce vendredi sur ce sujet, nous indique l’ Association des Maires de Mayotte
A.P-L.
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