L’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor), publie un bilan de santé des récifs coralliens, des herbiers marins et des mangroves. Totalisant 10 % des récifs mondiaux, la France a une grande responsabilité dans la protection de ces écosystèmes, une mission qu’elle s’est donnée d’ici 2025. Elle s’appuie pour ce faire sur un bilan de l’état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés réalisé tous les cinq ans. « Le bilan 2020, fruit d’un travail collectif avec tous les outre-mer coralliens, montre que l’état de santé des récifs coralliens français, des herbiers et des mangroves est contrasté : de grandes disparités existent entre les régions, les territoires et au sein d’un même territoire », indique l’IFRECOR..
Les récifs sont logiquement plutôt préservés dans les territoires étendus, à faible démographie ou inhabités, dont les zones côtières sont soumises à des pressions faibles ou modérées , « 70% des stations suivies y sont en bon état », et plutôt dégradés, dans les territoires de superficie plus réduite, soumis à une forte pression démographique et très anthropisés : Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) et océan Indien (Mayotte, La Réunion), « 62 % des stations suivies y sont dégradées ».
Les principales recommandations portent sur la réduction des pressions anthropiques « locales » (assainissement, réduction de l’érosion, gestion des aménagements côtiers…), sur l’extension des aires marines de protection forte, sur l’innovation pour renforcer la résilience des récifs et de leurs écosystèmes associés face aux impacts du changement climatique.
Des coraux sous pression à Mayotte
L’Ifrecor met plus particulièrement l’accent sur la densité de population de près de 500 à 700 hab/km2 à Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les feux de forêts et brûlis illégaux à Mayotte (environ 230 ha entre 2004 à 2012, mais 150 ha en 2013), ou en Nouvelle-Calédonie (27 000 ha de végétation brûlés chaque année), des dysfonctionnements d’assainissement dans quasiment tous les territoires, « les récifs coralliens, herbiers et mangroves ultramarins sont exposés de façon chronique à une qualité des eaux altérée par les apports de matières en suspension, polluants, et déchets ». Rajoutant que, « à Mayotte, le contexte socio-économique et géopolitique est à l’origine d’une augmentation particulièrement rapide de la population humaine et des pressions associées. »
Mais un autre son de cloche avait été donné le mois dernier. Suite à une alerte au blanchissement des coraux à la Réunion et aux îles Eparses, ainsi qu’aux remontées des randonneurs aquatiques, le Parc Naturel Marin avait lancé en urgence une tournée de vérification des coraux du lagon de Mayotte. Au total, 17 stations de suivi ont été contrôlées. « Parmi elles, seules 2 stations ont révélé des forts taux de coraux blanchis. Bonne nouvelle : à ce stade, il n’y a pas spécialement d’alerte cette année dans notre lagon », livrait le Parc.
On peut tenter une analyse en jugeant que la production du Parc Marin porte sur un constat annuel, alors que l’Ifrecor donne une tendance de long terme. En chiffrant le risque de disparition : il est de 12% des espèces de coraux à Mayotte et de 15% à La Réunion. Une certitude, la démographie, l’absence d’assainissement et le défrichage sont trois ennemis majeurs des coraux.
A.P-L.
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