Deux policiers, Kala et Sirius, enquêtent ensemble sur un vol. Elle est jeune, brillante et de retour sur son île natale après avoir été promue capitaine. Lui est un ancien ripou, habitué de la police et des magouilles politiques.
L’enquête les mène à un cadavre et les fait plonger dans une affaire bien plus sombre qu’ils n’avaient anticipé. Autour d’eux, les gens parlent shimaoré, kibushi, français et créole réunionnais. L’intrigue se déroule sur une petite île marquée par un culte du secret et du silence. « Une île avec ses propres règles en train de basculer brutalement dans la modernité », pour reprendre les mots de Cyril Vandendriessche.
Cette histoire est celle de Seconde Zone, série policière et fantastique dont le premier épisode a été tourné à Mayotte. Cyril Vandendriessche en est le réalisateur. L’île en question vous rappelle quelque chose ? Il s’agit pourtant de Djezere, une île inventée par Antony Boché et Cyril Vandendriessche, qui ont écrit ensemble le scénario. « On ne voulait pas situer l’action à Mayotte car on voulait intégrer du fantastique et avoir une île qui aurait une culture propre, qu’on aurait inventée. Un mélange entre les cultures d’Haïti, du Benin, de Mayotte, de La Réunion… » justifie Cyril Vandendriessche.
Djezere, « geyser » en shimaore, est cependant le nom d’une île qui a existé. Il s’agissait de la cinquième de l’archipel des Comores, avant de sombrer et devenir une ile sous-marine. « C’est aussi l’idée de la série, montrer une île en train de sombrer politiquement et socialement », note Cyril Vandendriessche.
Seconde Zone constitue un projet extrêmement ambitieux. Une multitude de lieux et de personnages, avec des histoires personnelles qui s’entremêlent. Une dizaine de rôles principaux, une trentaine de rôles secondaires, une quinzaine de techniciens. Et un premier épisode financé uniquement par des fonds particuliers et par une cagnotte participative.
Après une longue période d’écriture, les castings ont pris près d’un an et demi. « On cherchait des gueules, des comédiens avec une présence. On voulait se laisser le temps, avoir le choix » se souvient Antony Boché. Des mois durant, tous deux écument les troupes de théâtre et les établissements scolaires mahorais. « Ce qui a été vraiment très compliqué a été de trouver celles qui allaient incarner les personnages féminins de Mahoraise ou de Comorienne. On a eu la chance de tomber sur Sitti, l’interprète de Kala, qui venait de Grande Comore et avait déjà une expérience dans le théâtre », complète Cyril Vandendriessche.
Le tournage, épuisant, a enfin lieu en octobre 2019, avec des conditions propres au contexte mahorais. « Je me souviens d’une scène qu’on devait filmer de nuit dans un haras, avec un tournage qui devait recommencer le lendemain à 8h », raconte Cyril Vandendriessche. « Mais on n’avait pas prévu que les coqs chantent toutes les 30 minutes à Mayotte ! L’ingénieur-son disait que c’était impossible de tourner car on entendait trop les coqs, ce qui donnait l’impression que la scène était filmée à l’aube. On a dû faire tellement de pauses qu’on a terminé à 3h du matin ».
À présent, le but est de montrer le pilote pour séduire une maison de production ou une chaîne TV et ainsi pouvoir tourner le reste de la série. « C’est un projet qui a demandé beaucoup de temps, et qui n’a pu se faire qu’à la force des bras de beaucoup d’hommes et de femmes », conclut Cyril Vandendriessche. « Ce premier épisode a vu le jour grâce à leur détermination. On a pour l’instant de très bons retours, mais pour moi la grosse réussite est surtout d’avoir pu rassembler sur un projet une trentaine d’acteurs débutants qui se sont énormément investis. On était comme une troupe de théâtre ultra-motivée ».
Réservation ici pour la projection du 17 juin.
Marine Wolf
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