Si la dizaine d’illustrations de l’exposition photographique Maecha ya Nyamba effectuaient leur galop d’essai dans la MJC de Mangajou, apprêtée pour l’occasion, ce n’est pas par hasard. C’est en effet dans le village de la commune de Sada que vit le jour Oulanga na Nyamba, en 1998. « L’association revient aujourd’hui sur sa terre natale comme une tortue revient sur sa plage pour pondre », a d’ailleurs affirmé son président. Pour l’occasion, le cofondateur de l’association, Ali Mari Omar, s’est même rendu sur place. « Au départ, nous étions quatre à patrouiller sur l’île, se remémore-t-il. Je suis ravi que, 23 ans plus tard, nous en soyons arrivés là. »
Ce sont donc de grands clichés, tous plus grandioses les uns que les autres, qui ont été exposés hier après-midi à Mangajou. Au-dessous de chaque photo, quelques lignes expliquent les étapes de la vie des tortues marines, assez méconnue, voire mystérieuse. Mais ce n’est pas tout : un QR code est disposé sur chaque panneau, amenant vers un article détaillant chacune de ces étapes. « L’exposition aurait dû avoir lieu en 2020, explique Dina Andrianaivoravelona, coordinatrice d’Oulanga na Nyamba. Et, puisqu’on ne peut pas rassembler les gens au même endroit, nous allons vers eux, dans chaque village. » En effet, l’exposition se déplacera à Pamandzi (19-24 juin), Mliha (5-11 juillet), Chembényoumba (12-18 juillet), Bambo Ouest (26 juillet – 1er août), Acoua (5-12 août), Chirongui (23-29 août) et Kani Kéli (20-27 septembre), avant de revenir une dernière fois à Mangajou, du 5 au 9 octobre.
Une convention signée entre Oulanga na Nyamba et la commune de Sada
L’événement d’hier, outre l’inauguration de l’exposition photographique, était aussi important pour l’avenir de l’association. Cette dernière a effectivement signé une convention de partenariat avec la commune de Sada. « La tortue marine est une espèce rare qui fait partie du patrimoine de Mayotte, affirme Anli Saindou Silahi, adjoint au maire de Sada. Au niveau de la commune, nous accompagnons donc tout projet ou initiative ayant trait à la protection de l’environnement. » Lors de son discours, il a d’ailleurs rendu un vibrant hommage à Ali Mari Omar, qui s’est présenté au micro « ému et fier », à la suite de la signature de cette convention.
Chantre de l’écotourisme, Ali Mari Omar a encore répété la nécessité d’éveiller les consciences mahoraises à la protection des tortues : « La sensibilisation est le travail le plus dur, et nous devons le faire auprès des gens qui arrivent sur l’île ». Et des nouvelles générations, très engagées pour la préservation de la biodiversité mahoraise. « Les jeunes ont une envie plus forte de découvrir la tortue, affirme Dina Andrianaivoravelona. Quand ils les voient, ils sont émerveillés et motivés pour les protéger. » Même son de cloche du côté d’Anli Saindou Silahi : « Les jeunes sont très sensibles, mais il faut continuer ce genre d’initiatives, notamment dans les écoles. Il faut travailler cette prise de conscience. »
Axel Nodinot
Comments are closed.