Quel avenir pour l’association Gueules d’Amour si son président est condamné ? C’est en raison de cet enjeu que nous avons fait le choix de couvrir la session d’assises qui se tient pendant deux jours dans la salle B du tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Tyler Biasini, 36 ans, doit en effet y faire face depuis ce lundi à une accusation de viol qui remonte au 2 juillet 2014. S’il est reconnu coupable, “la peine encourue est de 15 ans” rappelle le président de la cour d’Assises Cyril Ozoux.
Tyler Biasini comparaissait libre, ayant été laissé en liberté sous contrôle judiciaire le temps de l’enquête.
Au premier jour de ce procès, peu après son ouverture par le président et la sélection des jurés populaires, l’avocat de la partie civile, Me Ekeu, a demandé que l’audience se déroule à huis-clos. Cette demande, qui est de droit (elle ne peut donc pas lui être refusée) en matière de viol, offre un cadre plus serein, qui protège la victime.
C’est donc sans la presse, invitée à quitter la salle, que le procès a débuté. La matinée devait ainsi être consacrée au témoignage de la plaignante et à l’audition des témoins cités par son avocat. L’après-midi était dédiée à la défense qui avait elle aussi des témoins à appeler. Un exercice délicat : en effet, en raison de l’ancienneté du dossier, nombre de personnes liées à l’affaire (témoins, enquêteurs, experts…) ne sont plus sur le territoire, il a donc fallu programmer des visio-conférences pour les uns, tandis que d’autres n’ont pu être retrouvés, faute d’adresse récente au dossier.
Ce mardi doit être consacré aux réquisitions de l’avocat général Yann Le Bris, et la décision est attendue dans l’après-midi après les plaidoiries de la défense. Selon les avocats que nous avons pu contacter, plusieurs scénarios sont alors sur la table. En premier lieu, l’acquittement que va sans doute demander la défense. Mais si les jurés reconnaissent l’accusé coupable, il leur faudra alors se mettre d’accord sur une peine. Pour un avocat présent hier dans une autre affaire, l’hypothèse d’une incarcération serait faible, notamment en raison de l’ancienneté des faits présumés. Mais un autre fait le pari que le contexte de forte médiatisation des violences sexistes et sexuelles rend plus difficile une condamnation sans prison ferme à la clé. Et de rappeler qu’en matière criminelle, l’aménagement de peine est possible mais n’est pas la règle, contrairement aux délits où les peines inférieures à deux ans sont adaptées par défaut.
Y.D.
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