« Au delà de s’inquiéter de l’arrivée du variant delta, on s’y prépare », indique le docteur Maxime Jean, infectiologue à l’Agence régionale de santé et chef de file de la stratégie vaccinale au sein de la structure. Si du côté des autorités, « on prend toutes les précautions pour éviter son introduction, on travaille dans le même temps à limiter sa propagation s’il arrive, ce qui est probable », indique encore l’infectiologue.
Pour éviter au maximum l’apparition de ce variant deux à quatre fois plus contagieux que la souche initiale du coronavirus, le test PCR négatif demandé aux voyageurs reste évidement en vigueur. « Une précaution intéressante », juge Maxime Jean. L’heure ne serait cependant pas à de nouvelles restrictions. « Même si le vaccin n’empêche pas totalement la transmission, son effet sur la charge virale fait baisser le risque de contagion, la levée des motifs impérieux pour les personnes vaccinées va donc dans ce sens ».
Déploiement des médiateurs sanitaires
Et si l’introduction du virus devenait une réalité ? « Nous sommes encore en discussion sur ce point mais il s’agira d’adapter les méthodes d’isolement et de contact tracing pour mettre en évidence les personnes contact et assurer une surveillance accrue de ces
personnes. Les équipes assureront un suivi extrêmement rapproché d’une personne touchée par le variant delta », explique l’infectiologue. L’agence régionale de santé s’appuiera également sur le contingent des médiateurs sanitaires. « On pourrait être amenés à les faire intervenir pour aller vers les personnes, sans que cela soit coercitif, et leur rappeler l’importance de l’isolement, du dépistage en cas de contact. Et de suivre les personnes durant leur isolement. Nous nous organiserons également pour faciliter au mieux la vie des personnes isolées », détaille Maxime Jean, assurant que « tous les moyens pour limiter au maximum la diffusion seront déployés. » Des campagnes de vaccination ciblées géographiquement en fonction des signaux épidémiques sont également envisagées.
Car c’est bien là la meilleure arme à disposition des autorités sanitaires. « Nous n’avons pas encore le variant, mais nous avons aujourd’hui un outil qui nous permet de limiter la propagation et in fine éviter la saturation du système de soins, c’est la vaccination. Si on arrive à développer cette stratégie au maximum, c’est le meilleur moyen de se prémunir», rappelle le cadre de l’ARS. Alors, le compte à rebours est lancé. « Si l’on travaille beaucoup sur notre réponse en cas de nouvelle vague, nous concentrons aussi tous nos efforts pour assurer la vaccination du plus grand nombre ». Avec une bonne nouvelle. « On a aujourd’hui l’impression que les gens adhèrent, on a pu penser que l’augmentation de la fréquentation des centres étaient liée au voyage mais cela ne retombe pas, c’est satisfaisant ».
« Est-ce qu’on aura le temps ? »
Mais il faut aller encore plus loin selon l’ARS, d’autant que la couverture vaccinale nécessaire de la population pour faire face à l’épidémie grandit avec la contagiosité du variant . « Nous travaillons sur l’élargissement de l’offre vaccinale. Depuis plusieurs semaines, des notes ministérielles indiquent que l’on pourrait assouplir les conditions de stockage très contraignantes du vaccin Pfizer. Ce qui pourrait permettre d’ouvrir à différents professionnels de santé la possibilité de vacciner », indique le médecin. Avant cela, les centres de vaccination se rapprochent des populations, « dans des plus petits village comme Mtsamoudou », ou encore plus près grâce au camion de l’équipe mobile.
« On peut également mener des opérations « one shot » sur tout le territoire en fonction des remontées du tissu associatif qui nous alerterait sur des vulnérabilités », indique encore Maxime Jean.
De quoi limiter les inquiétudes à l’ARS ? « Ce qui est certain est que l’adhésion à la vaccination est dorénavant là. Mais il faut que l’on se dépêche, car entre la vitesse de propagation du virus et le temps que prend la vaccination ou encore le délai que met le vaccin à prendre effet, la grande question est : est-ce qu’on aura le temps ? » Alors, « il ne faut plus perdre de temps, ne plus attendre pour se faire vacciner », enjoint l’infectiologue. Avec un mot d’ordre : « quelque part, le fait qu’un virus circule, qu’il donne un coup de fièvre ou fasse perdre l’odorat un temps, ce n’est pas très grave, le problème c’est qu’il peut nous amener à devoir évasaner des patients en réanimation parce que l’hôpital est débordé. Plus que jamais, c’est donc les publics fragiles qui doivent absolument se prémunir contre le virus, pour eux comme pour le système de santé de Mayotte. »
G.M
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