Au collège de Dembéni, le groupe de sénateurs, parmi lesquels le Mahorais Thani Mohamed Soilihi et le président de la commission des lois François-Noël Buffet, entame le dernier jour d’une semaine de visite de terrain. L’occasion pour les parlementaires de rencontrer les collégiens des classes défense et sécurité globale. Un dispositif qui, explique le ministère des armées sur son site, “permet à des classes de collèges et de lycées d’être parrainées par une unité militaire incarnant ainsi la vitalité du lien armées-jeunesse à travers l’ensemble du territoire.”
Plus qu’une rencontre, un échange. En effet le président de la commission des lois a proposé pendant près d’une heure un cours d’éducation civique, rappelant aux élèves des notions larges comme celles de nation, de justice, ou sur le rôle des sénateurs, de la police etc. De leur côté, les collégiens, en classe de 3e, on exprimé leurs appréhensions face aux violences qui gangrènent le chemin de l’école. Une jeune fille a proposé aux élus nationaux plus de fouilles à l’entrée des établissements, jugeant insuffisantes les opérations coup de poing menées à l’improviste sur toute l’île. Un autre élève proposait de la vidéo surveillance dans les établissements, voire “dans les classes”. Spectacle frappant que ces élèves dont la première préoccupation est leur sécurité. Le sénateur Buffet en est sorti “enrichi”.
“Ce sont toujours des moments passionnants, je vais assez régulièrement devant des élèves de collège ou de lycée pour expliquer ce que nous faisons et c’est toujours instructif dans le bon sens du terme, je suis toujours marqué par le fait que les jeunes qui s’expriment librement ont quasiment toujours le point de vérité, ils disent les choses comme ils les ressentent, ça nous oblige à les entendre et à tenir compte de se qu’ils disent, à mesurer leurs passions, leurs ambitions, leurs espérances, et puis leurs inquiétudes. C’est toujours enrichissant. Quand on est élus c’est aussi une affaire de génération, c’est eux demain qui seront à notre place et qui auront la responsabilité du destin collectif.”
Mais avant que ces jeunes n’aient grandi, les élus actuels sont attendus sur un territoire où ils grandissent dans la peur. ET c’est justement l’objet de cette visite.
“Violences inacceptables”
“Si on est là c’est pour ces difficultés de violences inacceptables” poursuit le sénateur. “Je crois qu’un parlementaire ne sait pas légiférer sans voir ce qui se passe sur le terrain pour apporter la réponse la plus pertinente possible, on est venus pour ça. Depuis 2006 on constate des évolutions sur des points extrêmement positifs, mais le climat de violence que l’ile vit me semble très nouveau et ici comme ailleurs, inacceptable. Il faut trouver des moyens juridiques, des moyens nouveaux à la police, la gendarmerie et la justice pour pouvoir agir, à la fois dans l’urgence et dans la durée, car ça ne peut pas continuer” juge-t-il.
Et si l’heure n’est pas au détail d’un “rapport qui n’est pas encore écrit” et qui devrait être rendu en novembre prochain, d’ores et déjà “deux axes semblent se dessiner” résume l’élu du Rhône. Ce dernier évoque ainsi “des modifications législatives vraisemblablement sur tout ce qui touche aux situations irrégulières sur le territoire, il y a quelques pistes à réfléchir, et puis continuer de défendre la présence forte des institutions de la république, notamment dans les fonctions régaliennes”. Plus concrètement, “le tribunal a besoin d’être renforcé en effectifs, je le crois sincèrement, parce que c’est l’urgence qui le commande. Les forces de l’ordre sont au niveau, et il y aura un autre axe, ça sera de continuer le développement économique de l’île. En ce qui nous concerne, il y aura un aspect réglementaire qui appartient à l’exécutif et un aspect réglementaire sur lequel on va travailler.” Et de conclure en insistant sur un point précis, “la justice mérite un renfort, ça j’en suis sur”.
Y.D.
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