“Depuis que je vis à Mayotte je n’avais vu quelqu’un à ce point déterminé à tuer s’il n’a pas ce qu’il veut. Il m’a mis la machette sous la gorge. Aujourd’hui en entendant sa voix, c’est sur que c’est lui”. A la barre, la victime d’une 20aine d’années et sa compagne frémit encore en entendant la voix particulière de son agresseur. Le 15 août 2018, jour férié, était idéal pour le jeune couple qui a voulu profiter de la plage fréquentée de NGouja. Mais alors qu’il s’était éloigné de la foule, le couple a été abordé par un homme, suivi de deux autres. Le premier a attrapé leur enceinte et entrepris de fouiller leur sac. Le second, armé d’une machette, tenait les victimes en respect, les menaçant de sa voix “particulière” en dialecte anjouanais. Le troisième lui, était cagoulé. Le jour-même, les victimes reconnaissaient toutes deux l’homme à la machette sur une planche photo, l’homme étant recherché dans le cadre d’une procédure criminelle, et ayant déjà été condamné pour recel.
Au cours de l’enquête, un des téléphones volé est repéré par son GPS à Anjouan, dans le village du sud où l’homme identifié est né. En décembre 2018, l’individu est interpellé et placé en détention provisoire. En juin 2020, il comparaît devant la cour d’Assises pour un vol avec arme et séquestration, et écope de 10 ans de réclusion criminelle. Libération prévue en 2029.
A la barre, il a bien tenté de faire croire qu’il n’avait “jamais mis les pieds à NGouja” mais le témoignage formel du couple est accablant.
“Je ne me laisserai pas faire”
Du côté du parquet, Sarah M’Buta n’était en tout cas pas dupe. La substitut s’est attelée à raccrocher le braqueur au climat d’insécurité qui gangrène l’île. “Est ce qu’à Mayotte on peut aller à la plage sans craindre pour sa vie ? C’est une vraie question ! Ce couple, qu’est ce qu’il a fait à part aller à NGouja au mois d’août pendant ses vacances ? La vie d’une personne vaut un téléphone ou une enceinte, et si on ne les remet pas on peut prendre un coup fatal, c’est ce type de faits qui fait qu’à Mayotte il y a un tel sentiment d’insécurité.” Pour la parquetière “les condamnations ont un effet dissuasif et exemplaire, pour que les auteurs comprennent que même s’ils ne blessent personne, ces vols avec violence sont graves et que ça a un impact sur toute la société”. Elle réclamait 2 ans de prison, les juges ont réduit le quantum à 1 an et demi. En l’absence de confusion de peine possible, “vous repartez au centre pénitentiaire et vous y resterez un an et demi de plus” a tranché la présidente. Le prévenu a alors laissé tomber son masque de détenu exemplaire et “pas turbulent” et juré avant d’être emmené sous bonne escorte à Majicavo de ne pas se “laisser faire”.
Les victimes ont quant à elles obtenu les 900€ d’indemnisation réclamées à la barre.
Y.D.
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