Troisième âge, pauvreté, protection de l’enfance, handicap… les personnes vivant en précarité sont nombreuses à Mayotte. Les associations et structures qui œuvrent dans ce secteur ont d’ailleurs grossi au fur et à mesure des moyens, tant les défis sont énormes. Pour élargir le champ, on peut désormais compter sur un nouvel acteur, l’ALEFPA, l’Association laïque pour l’Education, la Formation, la Prévention et l’Autonomie, qui existe depuis 60 ans en France, et est reconnue d’utilité publique, ce qui lui permet de travailler d’’emblée avec les services de l’Etat comme avec la société civile. Son président Michel Caron est à Mayotte sur la semaine avec son équipe de direction nationale, pour présenter sa structure et signer des partenariats.
Si tous les secteurs sont visés, c’est sur le handicap que l’accent a pour l’instant été mis, avec une attention toute particulière pour les enfants polyhandicapés. Une quarantaine d’enfants naitrait avec ces handicaps chaque année à Mayotte, « ce sont les chiffres donnés par le CHM, mais nous avons toujours des difficultés à avoir des statistiques précises », rapporte Aïcha Boukir, directrice de l’antenne locale de l’ALEFPA. Une équipe mobile a été récemment montée à Mayotte, qui se rend aux domiciles des familles demandeuses d’accompagnement.
Le président national de l’ALEFPA explique la démarche : « Nous sommes à leur côté pour que ces personnes souffrant d’un fort handicap, développent le plus possible d’autonomie et de capacité d’initiative. Il faut faire en sorte que ces personnes vulnérables aient une vraie place dans la société et ne pas tomber dans le travers de ne répondre à un besoin spécifique qu’avec une structure spécifique. Il ne faut pas créer des zones où ils seraient mis à l’écart. Nous travaillons sur des classes adaptées en métropole, à Mayotte, nous n’en sommes pas encore à ce stade ».
« Nous essayons de mobiliser des compétences sur place »
La Maison départementale des Personnes Handicapées (MDPH), se remet de ses errements passés, et désormais, les notifications se font à destinations des structures partenaires qui peuvent prendre en charge ces enfants et ces adultes.
« C’est encore compliqué, mais avec des recrutements efficaces, ça commence à fonctionner de leur côté. Nous sommes installés ici depuis le 1er octobre, et nous accompagnons déjà 10 enfants, grâce à 10 recrutements. Et la MDPH nous a adressé 48 notification ». Il y aura 20 prises en charge d’ici fin décembre, et 40 d’ici le 1er trimestre 2022, en misant sur un budget de fonctionnement de 2 millions d’euros. Les profils visés porte sur le spectre du médico social : psychologues, éducateurs spécialisés, ergothérapeutes, aides soignants, sans oublier le personnel de direction. « Mais c’est compliqué de recruter et de faire venir des compétences. Nous essayons de mobiliser des compétences sur place, notamment de jeunes mahorais dans le médico-social ».
C’est pourquoi Michel Caron mise sur le savoir local, et notamment, sur les femmes : « Tout d’abord, les familles qui s’occupent nuit et jour de leurs enfants handicapés ont un savoir faire et doivent pouvoir s’engager dans un parcours socio-professionnel. C’est ce qui explique que j’ai rencontré des chefs d’entreprises, essentiellement des femmes, qui sont sensibles à ce problème ».
Les projets d’investissement à court terme se montent à 9 millions d’euros, décliné avec le partenariat de l’ARS en un établissement pour 35 jeunes polyhandicapés, « très certainement installé dans le sud, car c’est là qu’il y a le plus d’opportunités foncières ».
Des conventions vont être signées tout au long de la semaine entre l’ALEFPA et l’UDAF (Associations familiales), l’EDSM (Déficients sensoriels et moteurs), l’ADAPEI (Handicap mental), et SOLIA (Accompagnement social du logement), ainsi qu’avec le CHM, « pour mobiliser plus facilement les médecins et les former à l’accès aux soins des personnes handicapées ».
Anne Perzo-Lafond
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