« En décembre 1941 , à Londres, une poignée de résistants rejoint le général de Gaulle pour lutter contre le régime nazi. Celui qui deviendra président de la République, crée cette année là, la Caisse Centrale de la France Libre, qui émet de la monnaie avec l’appui de la Banque d’Angleterre. Pierre Denis en prend la tête, et de Gaulle désigne son adjoint, qui hésite, ‘je parle mal l’anglais’, lâche-t-il, ‘moi aussi’ répond le général. Il a bien fait d’insister, puisque cet adjoint prendra la direction de la Caisse, c’était mon grand père, André Postel-Vinay ». Moment historique donc à la Case Rocher ce jeudi soir d’anniversaire pour la quarantaine d’invités d’Ivan Postel-Vinay, directeur de l’AFD Mayotte depuis quelques mois.
A Mayotte, cette banque du développement, était représentée depuis 1990 par l’IEDOM, et ce n’est qu’en 2009 qu’elle devient une agence de plein exercice. « Depuis, ce sont 270 projets qui sont financés pour un montant total de 550 millions d’euros ».
Les plus marquants étaient déclinés par le préfet Thierry Suquet : « Vous êtes partout, dans l’eau et l’assainissement, le secteur privé et les grandes institutions de la République. On vous doit l’accompagnement pour l’hôpital de Petite Terre, le Data Center, l’hôtel de l’aéroport, la Technopôle, Caribus, etc. »
Virage dans l’approche du développement
La jeunesse de l’institution ici colle aux défis auxquels il faut répondre : infrastructures à créer, collectivités à accompagner, secteur privé à dynamiser et à muscler… Mayotte est globalement au niveau d’un territoire que la Caisse centrale de la France libre a pu connaître en 1941. Nous collons aux « idéaux d’hier », pour reprendre l’expression d’Ivan Postel-Vinay.
Il les mettait en perspective avec les évolutions d’aujourd’hui, induits par la COP21 et l’accord de Paris, « qui oriente les politiques vers la protection de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique ». C’est ainsi que dans l’Hexagone, l’AFD mène une réflexion sur un virage probable de l’aide publique au développement. Notamment, sa réorientation vers des investissements « plus solidaires ». « Sachons nous questionner sur la pertinence de l’approche », traduisait le directeur local de l’AFD, qui rapportait qu’une enquête IPSOS en cours devrait donner des éclairages.
Mayotte pourrait donc bénéficier d’un nouveau positionnement, mais gardons nous de laisser de côté les outils d’hier pour ce qui est de l’impulsion au développement au regard de nos importants retards.
Cette année 2022 donnera naissance au nouveau cadre d’orientation stratégique pour Mayotte sur les 5 ans à venir, « nous sommes en pleine réflexion sur son contenu », nous confiait Ivan Postel-Vinay.
Anne Perzo-Lafond
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