Selon les chiffres communiqués par le rectorat de Mayotte, pour l’année 2018-2019, seuls 40% des enfants âgés de 3 ans étaient inscrits à l’école contre 98% sur le reste du territoire national. Comme le confirmait le recteur Gilles Halbout en novembre 2020, environ 8.000 enfants n’étaient alors pas scolarisés sur l’île. Une réalité chiffrée que Joya Usama directeur de l’école Humanity First, a constaté par lui-même sur le terrain. C’est ainsi qu’au sein d’Humanity First, association loi 1901 qui s’était déjà illustrée par la distribution de bons alimentaires au début de la crise Covid, M. Usama est parti en quête de subventions pour ce projet d’école à Majicavo Koropa, en association avec le Village d’Eva. Rapidement, le projet était monté, les équipements achetés; ne restaient plus aux parents d’enfants déscolarisés de déposer leurs dossiers. Dossiers qui, comme l’explique le directeur de l’école, ne sont pas jugés “trop sévèrement”.
“Le but est d’accompagner les enfants jusqu’à ce qu’ils aient une place dans une école publique. On prépare leurs dossiers et on les envoie au rectorat, une fois le dossier accepté ils peuvent enfin prendre place dans une école publique.” Pendant ce temps, deux classes de 15 enfants de 6 à 16 ans sont prises en charge par les bénévoles d’Humanity First, 4 fois par semaine. Ces bénévoles “très actifs” enseignent français et mathématiques et l’association Le Village d’Eva assure la formation et le suivi pédagogique.
“La plupart des enfants n’ont pas la nationalité française. Qu’ils soient en situation irrégulière ou non, on ne regarde pas cela”, Joya Usama
Peu importe la provenance ou l’origine des mineurs, tous sont acceptés dans la structure, ils sont avant tout des enfants déscolarisés explique le directeur de l’école. Celui-ci s’attend à des critiques, les collectifs ne sont jamais loin lorsque les questions de scolarisation d’enfants étrangers sont sur la table, en attestent les réactions lors de l‘affaire de l’obligation de scolarisation des enfants de trois ans de Tsingoni par le Tribunal Administratif, en novembre dernier.
Quoiqu’il en soit, le président de l’école Humanity First se désintéresse des critiques, et confie ne pas avoir peur. D’ailleurs, une partie de la population s’est montrée favorable au projet, puisque plusieurs personnes ont déjà fait des dons de livres à l’association. Un soutien local non négligeable, à l’égard des besoins en matériels dédiés à l’apprentissage des enfants.
Humanity First ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là, puisqu’un projet de camp médical est d’ores et déjà dans les tuyaux. Il s’agirait ainsi de faire venir à Mayotte des médecins bénévoles plusieurs semaines durant pour aider les populations dans le besoin, et ce partout sur le territoire.
Mathieu Janvier
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