Il y a moins d’un an, les attaques terroristes perpétrées dans la région d’un des plus gros gisement de gaz naturel du monde, laissait planer le risque d’abandon du projet. Il faut dire que si les violences s’accentuaient d’année en année, un pic avait été atteint lors de la prise de la ville de Palma (Nord-Est du Mozambique) par des groupes armés. De son côté, l’armée du pays n’offrait qu’une piètre résistance. Et ceci au moment même où Total annonçait la remobilisation sur le projet gazier après 3 mois d’arrêt, à la suite d’une attaque menée fin décembre 2020, à proximité de la concession.
Nous étions revenus en détail sur le contexte géopolitique, qui s’il ne se hisse pas au niveau de Tintin au pays de l’Or noir, fleure bon l’intrigue autour de l’immense réserve sous-marine de gaz, découverte à 2.000m de profondeur, à 60km au large des côtes nord de Cabo Delgado (province côtière au sud du pays). Estimée à 5000 milliards de m3, elle est susceptible de faire de ce pays le 4ème exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL).
Du gaz instable
Conflit ethnique à récupération islamiste, ayant pris racine au sein d’une population se revendiquant comme déshéritée par le pouvoir le Frelimo, lui même au prise avec la résistance nationale mozambicaine (Renamo), soutenue par le régime sud-africain et les Etats-Unis, et une armée moins puissante que la police locale… tous les ingrédients étaient réunis pour une saga à rebondissement.
Un appui armé était réclamé à la fois par Total et les autres compagnies d’hydrocarbures pour sécuriser la zone de production, et par le gouvernement mozambicain. Depuis quelques mois, il semble que des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et du Rwanda aient été déployées pour déloger les djihadistes de principales villes du Nord du pays. Mais malgré le discours optimiste du président mozambicain, Filipe Nyusi qui enregistrait trois fois moins d’attaques en 2021 qu’en 2020, un nouveau front aurait été ouvert par les rebelles dans la province de Niassa, mais celle-ci se situe à l’intérieur des terres.
Une accalmie qui a permis de relancer le projet d’exploitation, dans une autre zone, puisque la plateforme flottante pour l’exploration de gaz dans le bassin de Rovuma est arrivée au large du Mozambique. La géante unité de liquéfaction de gaz naturel Coral sul de 432m de long avait quitté mi-novembre les chantiers navals de la Corée du sud où elle a été fabriquée.
350 personnes sur 8 étages
« La plate-forme flottante qui sera installée dans la zone 4 du bassin de Rovuma pour l’exploration gazière est arrivée au Mozambique », a annoncé ce lundi l’Institut national du pétrole (INP). Ce bloc 4 est détenu par l’italien ENI et l’américain ExxonMobil, qui étaient positionnés sur le projet dès le départ.
L’infrastructure sera connectée à six puits et extraira le gaz vers une usine à bord de la plate-forme où il subira un processus de refroidissement et de liquéfaction, nous apprend le site Publico.
Les équipes techniques seront déployées et se relaieront grâce à un balai d’hélicoptères dont les héliports sont en cours de certification.
L’infrastructure en cours d’ancrage sera connectée à six puits et extraira le gaz vers une usine embarquée qui le refroidira, le liquéfiera, et l’enverra dans des cargos qui transporteront le combustible vers les pays de destination, afin d’être utilisé à la production d’électricité, le chauffage, etc. Dotée de 8 étages, la plateforme peut accueillir 350 personnes et une hélistation.
« L’arrivée de ce projet est conforme au calendrier approuvé par le gouvernement du Mozambique, et constitue donc une étape remarquable dans la mise en œuvre de ce projet, dont la décision finale d’investissement a été prise en juin 2017, avec un démarrage de la production jusqu’au milieu de l’année 2022 », ajoute l’INP.
Anne Perzo-Lafond
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