“Après quatre semaines de vacances, il faut absolument que les élèves reviennent”. Le recteur Gilles Halbout applique la doctrine nationale qui est de remettre les élèves sur les bancs de l’école, malgré un variant, certes moins virulent, mais ultra contagieux. Au niveau national, cette politique a des conséquences qui se font déjà sentir. En quelques jours, le nombre d’élèves et de personnels malades a bondi, avec 47 000 élèves contaminés et plus de 5600 personnels touchés par le virus. En moins d’une semaine, plus de 9000 classes ont ainsi fermé en France, soit trois fois plus qu’avant les vacances de Noël.
Pour autant à Mayotte, les protocoles seront déclinés sur la même base que ceux en vigueur ailleurs sur le territoire, mais avec quelques adaptations. Ce vendredi, le recteur recevait les représentants de parents d’élèves et des organisations syndicales pour leur exposer les mesures décidées avec le préfet.
“Au niveau national, la rentrée se place sous le signe de la volonté d’ouvrir au maximum les établissements et de continuer à accueillir les élèves, avec des protocoles de niveau 2 ou 3. A Mayotte ça sera le niveau 3 partout” explique le recteur, joint par téléphone.
Premier défi, le manque de personnel. Comme en métropole, le recteur s’attend à un taux d’absentéisme de 10% environ pour cause de Covid. Des recrutements de remplaçants sont d’ores et déjà en cours pour les disciplines les moins en tension, avec notamment le recours à des enseignants retraités volontaires.
Outre les recrutements, quatre priorités sont déclinées par le recteur : les protocoles sanitaires, avec des fournitures de masques dans chaque établissements pour les élèves qui en manqueraient, l’aération des locaux, le rectorat ayant diligenté des audits sur le taux de CO2 dans les salles de classe pour améliorer leur ventilation au besoin, ensuite vient le suivi des cas contact, avec l’activation d’une cellule dédiée au sein du rectorat et la mise en place inédite en France de trois centres de dépistage dédiés à l’Education nationale.
“On mobilise nos infirmières et infirmiers pour accompagner les élèves sur les modalités d’auto test et de tests salivaires. Notre objectif c’est de faire 300 tests salivaires par jour” annonce le recteur.
Quatrième et dernier point, “la limitation des brassages”, une mesure annoncée jeudi soir par le préfet. Concrètement il s’agit de réduire le nombre d’élèves présents dans les lycées en faisant venir les élèves de seconde et de première un jour sur deux uniquement.
“On exclut des mesures d’hybridation les terminale qui vont passer les examens du bac, mais pour les 1e et les 2nde on préconise une alternance présentiel distanciel un jour sur deux. Car au lycée on brasse des élèves de différents villages dans différentes options, ça brasse plus que dans les collèges et les écoles où les élèves viennent de quartiers avoisinants et restent dans une classe établie. On fera aussi très attention au brassage dans la restauration en privilégiant une restauration à l’extérieur pour les collations, et en intérieur, il faudra que les élèves d’une même classe restent ensemble” poursuit le recteur.
Une mesure adaptée par rapport aux autres départements où l’alternance se fait une semaine sur deux et non un jour sur deux. L’idée à Mayotte est d’éviter de perdre des élèves en route, de les voir décrocher ou rejoindre des bandes violentes quand le lycée leur est fermé.
Au lycée un jour sur deux
“L’élève reste suivi et doit revenir à l’école le lendemain, on mise sur ça. On sait que les éléments violents sont une petite minorité, on les suit, on les traque, on est fermes avec eux, ce qu’il ne faut pas c’est qu’ils fassent tâche d’huile, en une journée on peut imaginer que les élèves n’aient pas le temps de faire trop de bêtises, mais c’est toujours un souci de ne pas les avoir dans les lycées” concède le recteur.
Autre mesure clé de cette rentrée, la prise en charge garantie des enfants de personnels soignants, tels que les salariés du CHM, des pharmacies, infirmiers et d’autres dont la liste a été définie, afin d’éviter les absences pour garde d’enfant dans un contexte où ces métiers sont sous tension en raison, là encore, d’un grand nombre d’arrêts maladie pour cause de Covid.
“Pour ceux qui doivent être mobilisés à 100% comme à l’hôpital il faut leur venir en aide quand leurs enfants ne peuvent être scolarisés” estime le recteur.
Toutes ces mesures visent à assurer une rentrée la plus normale possible. Il reste à voir si ce modèle aux airs de pari risqué tiendra le choc, compte tenu de la propagation extrêmement rapide du virus dans les établissements de métropole, et du nombre exceptionnel d’élèves dans les collèges et lycées mahorais.
Y.D.
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