Des Régions Ultrapériphériques (RUP), l’Europe en compte 9. Les 6 françaises, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin, les 2 portugaises, les Açores et Madère, et les Canaries pour l’Espagne.
Chacune d’elle est priée de donner sa contribution pour aboutir à un document de position commun, en adéquation avec les trois états membre, France, Portugal et Espagne. Un travail mené alors que la France a pris la présidence de l’Europe le 1er janvier 2022. « Aucun exercice d’une telle ampleur n’avait été mené par les 3 Etats-membres depuis le dernier mémorandum commun de 2010 », indique à ce sujet le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu qui a réuni les représentants français, portugais et espagnols, pour adopter un document de position commune.
Il faut donc être force de proposition sur l’application des politiques européennes dans chacun des territoires, et sur les dérogations prévues au titre de l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
En matière financier, les fonds européens sont alloués pour développer les territoires, en complément des contrat de convergence de chaque Etat, « près de 13,3 milliards d’euros ont été consacrés par le budget européen entre 2014 et 2020 », souligne le ministre. On sait que Mayotte réclame une enveloppe supérieure, à la hauteur des enjeux.
Lors d’une conférence Interministérielle RUP/Etats Membres ce 19 janvier 2022, le président du Département Ben Issa Ousseni a d’ailleurs rappelé les attentes des RUP, qui « ont besoin de la solidarité de l’Europe », expliquant que « la crise sanitaire, a engendré une crise économique, sociale, voire même une crise de la représentativité par endroit ». Deux axes sont à retenir de son intervention, la politique migratoire et les échanges économiques régionaux.
Trois RUP sur neuf intégrés à Schengen
Outre son appel à la mise en place à Mayotte de Frontex, agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen, avançant les 27.400 reconduites à la frontière en 2019, et se basant sur « les flux d’arrivées constants depuis plus de 10 ans »
La transformation de l’espace Schengen*, une des priorités d’Emmanuel Macron dans sa prise de présidence européenne en réponse aux crises migratoire, à la pandémie ou à la menace terroriste, doit être l’occasion pour Ben Issa Ousseni de se pencher sur le cas de Mayotte qui n’en fait pas partie. Rappelons que si les 6 RUP français n’en font pas partie, les Açores, Madère et les Canaries sont intégrés dans cet espace. Ce qui n’avait pas empêché le président du gouvernement des Canaries de se plaindre d’être débordé par le flux migratoire avec des milliers de mineurs isolés à gérer. Le débat est donc à mener.
L’autre volet abordé par le président Ben Issa est économique, « Mayotte est au starting-block pour saisir les débouchés économiques à venir », en évoquant notamment la coopération renforcée avec les pays tiers de la zone, ou encore le positionnement géostratégique, au sein d’une zone indopacifique, « qui suscite un intérêt grandissant pour l’Europe et un intérêt incontestable pour la France ». En rappelant que « Mayotte dispose du potentiel pour devenir un véritable hub maritime dans le canal du Mozambique et au-delà ».
Ce document de position commune a été présenté à la Commissaire européenne à la Cohésion et aux réformes, Elisa Ferreira.
A.P-L.
*L’espace Schengen désigne un espace de libre circulation des personnes entre les États signataires de l’accord de Schengen. En 2021, l’espace Schengen regroupe 26 Etats, 22 des 27 membres de l’UE et 4 Etats non-membres (Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein)
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