Tandis que nous suivons les jeunes de la brigade en direction des hauteurs de Passamainty, au lotissement Maliki, le paysage s’emplit peu à peu de déchets jonchant un sol dont on ne voit guère plus la terre. Ce genre de vision, Mousakima, Ahmed Mohamed et Brahimou y sont habitués.
Embauchés depuis plusieurs mois au sein de la toute récente brigade verte de la ville, ces jeunes se mobilisent quotidiennement pour aller à la rencontre des populations. Ainsi chaque jour, la brigade cible les zones en hauteur, où les déchets s’accumulent, y font du porte à porte et sensibilisent les gens. Et dans la zone en question, l’initiative ne manque pas de sens puisque les ordures s’étendent à perte de vue.
En haut de la colline, les agents nous indiquent une décharge sauvage au loin, visible seulement depuis les hauteurs : des amas d’ordures s’y entremêlent en pleine nature, au détriment de la beauté sauvage de la flore.
« Nous sommes là pour veiller à ce que Mamoudzou soit propre. »
Ces zones en hauteur ne sont pas choisies au hasard : par temps de pluie, les eaux précipitent les déchets en contrebas, véritable raz-de-marée d’ordure dévorant tout sur son passage.
Chaque jour, la brigade se rend sur les lieux, se partage le quartier et s’adresse aux habitants : « S’il y a des gens, on leur fait comprendre que le but de notre présence c’est la sensibilisation » nous expliquent-ils. Et si l’opération est encore récente, les agents expliquent que le message semble passer, poussant même certains administrés à dénoncer leurs voisins. « La semaine d’après quand on revient sur les lieux, on a des retours, c’est ça qui nous donne le courage de revenir ». Problématique récurrente néanmoins, les populations demandent qu’il leur soit mis à disposition des bennes pour y stocker les ordures. Mais manque d’accessibilité oblige, de tels dispositifs ne sont pas toujours envisageables… Et lorsque de rares bennes sont déposées, celle-ci sont immédiatement remplies, en l’espace de quelques heures, assurent les brigadiers.
Les agents ont déjà pu constater « de grosses avancées » dans le comportement des populations touchées. « On a eu des retours, mais les administrés se sensibilisent même par eux-mêmes, des fois ils s’organisent entre eux pour nettoyer le quartier ». Mais à la vue des champs d’ordures qui s’entassent sur les collines adjacentes, il est évident que le combat est loin d’être remporté. Comble de l’ironie, un peu plus loin, des sacs poubelles fermés ont carrément été jetés à flanc de collines, faute de point de collecte.
Selon Chaharoumani Chamassi, Directeur de la DPSU de Mamoudzou, l’objectif premier de la brigade de l’environnement tient en quelques mots : « Nous sommes là pour veiller à ce que Mamoudzou soit propre ».
« L’idée concrètement c’est de pouvoir stopper tout ça ». Et ce, en « passant par une phase de prévention. C’est ce qu’on a fait, maintenant on change un peu, on va expérimenter la répression » explique l’ancien capitaine de la Police Nationale. « Avec les moyens de la commune on essaye de progresser. Le but c’est d’arriver vraiment à étoffer les effectifs, ce qui nous permettra de remplir nos missions dans les trois zones, parce qu’on a trois secteurs qu’on a mis en place dans le cadre de la direction et de la prévention de la sécurité urbaine, et nous aimerions arriver à un effectif de 15 personnes, pour que nous puissions assurer dans la rapidité d’intervention quand on nous alerte » déclare-il. Une réaction rapide qui s’oriente particulièrement autour des dépôts sauvages, face auxquels la police municipale entend mettre les moyens.
Combiner sensibilisation et répression
Si la sensibilisation s’impose comme la pierre angulaire de cette initiative municipale, les agents de la brigade se verront bientôt confier un autre pouvoir, celui de la verbalisation. « Dès le mois de février on va commencer à verbaliser les gens, parce que nous estimons avoir fait assez de prévention, (…) même s’il y aura toujours une combinaison avec la prévention».
« L’idée en fait c’est de changer les mentalités. Il ne s’agit pas seulement de lutter ou de faire de la prévention, mais aussi de faire en sorte que les gens arrivent à changer de mentalité. C’est une question, le mot est simple peut-être, mais d’éducation. Il faudra que les gens puissent prendre conscience que ce n’est pas bon de jeter les canettes, de laisser des détritus au bord de la route, d’envoyer des couches sur le caniveau quand il pleut, d’ouvrir un moteur de véhicule et laisser le polluer tout le quartier, etc… » déclare le directeur de la DPSU. Et toujours selon M. Chamassi : « Quand les gens auront compris, là on aura gagné. Les amendes, à mon sens, c’est bien, mais ça ne suffit pas ».
Mathieu Janvier
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