Vers la fin de l’engorgement perpétuel du grand Mamoudzou ? L’idée semble presque utopique et pourtant, c’est dans ce sens que vont les travaux du Conseil départemental en ce jour. Après la saisine officielle de la Commission Nationale de Débat Public, le verdict était rendu le 2 février dernier : l’organisme a donné son aval pour le projet tel qu’il a été présenté. « Pour un projet de cette envergure, on est obligés de passer par eux, explique Salim Mdere, vice-président du CD en charge de l’aménagement et des infrastructures. Quand on a eu cette fameuse réponse on s’est dit super, c’est ce que nous souhaitions. Il n’y a pas de remise en cause du projet tel qu’il est dessiné, on passe à la phase suivante ».
Ainsi, comme l’explique Jean Michel Lehay, chargé de mission infrastructure routière au Conseil départemental, la phase de concertation va désormais débuter à partir de fin mars début avril. Un marché de communication a été lancé, un site internet dédié va être créé. Puis des réunions publiques seront organisées, à deux par mairies (Mamoudzou et Koungou), deux par communautés d’agglomération (CC Nord et Cadema) et trois avec les partenaires institutionnels. Et ce pour que chacun donne son avis sur le potentiel tracé final, pas encore défini : pour le moment, deux fuseaux ont été proposés, à partir desquels le projet est réalisable. La phase de concertation devrait prendre fin en septembre. A l’issue du rapport, un tracé privilégié sera défini, sur la base duquel seront réalisées les études d’impact sur la faune et la flore, les études de bruit, les études socio-économiques concernant l’influence sur la vie des mahorais. En parallèle, les études de foncier sont en train d’être réalisées, et s’il y a des oppositions, l’ensemble des études permettra la déclaration d’utilité publique, explique M Lehay. Sur la vaste problématique du foncier, l’élu Salim Mdere explique qu’il a « tout de suite demandé à mes services qu’on ne me remonte pas un seul dossier de régularisation foncière. Nous ne ferons pas de régularisation à tout va. On va étudier au cas par cas, et si les parcelles appartiennent à des privés, il faut qu’on rentre dans les négociations dès maintenant pour ne pas être bloqués », déclare l’élu départemental qui entend bien anticiper les choses.
Autre problématique et inconnue persistante dans l’équation à ce jour, la question des financements. « On est confiants, maintenant il faut aller à la chasse aux financements, reprend Salim Mdere. On pourrait être financés par l’Europe si on va vite. On travaille avec la DEAL, les Services de l’Etat, l’EPFAM, on est confiants ».
Pour l’heure, le budget estimé avoisine les 900 millions d’euros. Les financements européens pourront-ils être obtenus ? Cela semble l’objectif, puisque la date de début des travaux est fixée au 1er décembre 2025, afin de pouvoir entrer dans les délais européens, justement. Quant à la livraison de l’ouvrage, celle-ci va « dépendre de la vitesse de financement » explique Jean-Michel Lehay.
Face à ce projet qui « date de plus de vingt ans », Salim Mdere se montre déterminé : « On y croit. Mamoudzou est complétement saturée. Le projet va peut-être prendre 5 ans, peut-être 10 ans, mais je veux qu’on le réalise ». Et face aux congestions quotidiennes qui paralysent le chef-lieu, il va sans dire que la population aussi…
Mathieu Janvier
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